La contestation populaire bouscule la Biélorussie

Depuis presque un mois, les Biélorusses se mobilisent contre la taxe sur « l’assistanat social ». Une brèche pour l’opposition politique.

Malika Butzbach  • 14 mars 2017
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La contestation populaire bouscule la Biélorussie
© Photo : Viktor Tolochko / Sputnik / AFP

Depuis le 17 février dernier, des manifestations contre le « Décret n° 3 » ont eu lieu dans de nombreuses villes biélorusses. Ce jour-là, plus de 2 000 personnes s’étaient mobilisées dans les rues de la capitale, Minsk. Ce décret, dit « contre les parasites » par les médias, impose à toute personne officiellement sans emploi depuis plus de six mois une taxe de 400 roubles biélorusses – environ 230 euros – pour « compenser les dépenses sociales de l’État ».

Du carreleur au prix Nobel, 470 000 « parasites sociaux »

Alors que les revenus moyens dans le pays ont diminué de 7,3 % en 2016, 470 000 personnes sont concernées par cette taxe. Aussi bien des retraités que des chômeurs, des auto-entrepreneurs ou des jeunes parents. Parmi eux, la lauréate du prix Nobel de littérature 2015, Svetlana Aleksievitch, devenue « parasite sociale ».

Le 5 mars, à Brest, près de la frontière polonaise, 1 000 personnes ont participé à la « Marche des non-assistés ». Le maire, Alexandre Rogatchouk, s’est fait interpellé par un manifestant, contraint d’exercer son métier de carreleur en Russie. Ses propos ont été rapportés par le site Bielorousski Partizan : « C’est une véritable humiliation quand on rentre chez soi de se voir traiter de parasite, de moins que rien, de voir qu’on n’est qu’un esclave. »

« Va-t-en ! »

Le recul du président Alexandre Loukachenko – il a annoncé le 9 mars la suspension du décret en précisant qu’il « ne sera pas annulé » – n’a pas éteint la mobilisation. Désormais, le slogan « Loukachenko va-t-en ! » symbolise la déception et la colère du peuple envers le régime, qui y a apporté une réponse musclée ce week-end : une quinzaine de personnes ont été appréhendées et condamnées. Une nouvelle manifestation est prévue le 15 mars à Minsk. Un espoir dans ce pays où depuis la répression de l’opposition en 2010, la rue était restée silencieuse.

Société Monde
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