Parlez-moi Tricot

Avec son Tribute to Lucienne Boyer, le Grand Orchestre du Tricot réussit une superbe alchimie.

Lorraine Soliman  • 28 juin 2017 abonné·es
Parlez-moi Tricot
Photo : Lucienne Boyer en 1945.
© Charles Breijer / Anefo u2014 Nationaal Archief

C’est en 2012 que naissent les Soirées Tricot, concept « débridécontracté » inventé par le Tricollectif pour donner à entendre, à voir et promouvoir, à déguster, offrir et partager en version intégrale les musiques des dix (le cœur du groupe) plus trente et quelques jazzmen qui les animent. Soit deux à cinq jours de concerts et de rencontres improvisées dans un cadre prévu pour diverses sortes de détente conviviales et compatibles, hautement musicales et généralement peu onéreuses, « dans la plus pure tradition d’un esprit gagnant-gagnant » (comprendre dans un esprit fraternel où chacun est responsable de la qualité du moment partagé).

C’est que dans le Tricollectif, il y a beaucoup, beaucoup de choses, à commencer par une truculente coopérative musicale faite de jeunes lurons des plus grands crus, dont « le Saint Patron des amoureux », le violoncelliste Valentin Ceccaldi, à l’origine de l’hérétique et suprême Tribute to Lucienne Boyer. Cette belle idée, fondée pour l’essentiel (mais pas seulement) sur le répertoire de la Dame en Bleu, a donné jour à une musique haute en contrastes, totalement neuve autant que familière. Les dix musiciens du Grand Orchestre du Tricot, augmenté d’Angela Flahault (cf. les Songsong Sisters) dans le rôle phare, interprètent avec l’humour délicat des gens qui aiment quelques-uns des succès légendaires de l’entre-deux-guerres : « La Clé sur la porte », « Mon cœur est un violon », « Je t’aime »… ainsi que le fameux « Parlez-moi d’amour » (premier Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros en 1930), réenchanté par la voix ondulante d’Angela Flahault, accompagné par quelques doux crépitements de vinyle sur lesquels s’éteignent les dernières notes du disque (disponible en CD et en EP). À déguster sans modération. À voir sur scène à la première occasion.

Tribute to Lucienne Boyer, Tricollectif, en concert le 27 juillet, festival Vague de jazz, Les Sables-d’Olonnes.

Musique
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