On ne donne qu’aux riches

C’est par le serrage, jusqu’à l’étouffement, des ceintures des pauvres que Macron et ses sbires vont financer le gavage des riches.

Sébastien Fontenelle  • 26 juillet 2017 abonné·es
On ne donne qu’aux riches
© photo : Michel Euler / POOL / AFP

Il y avait hier, dans Le Journal du dimanche, une interview, ahurissante de complaisance, du ministre de l’Éducation nationale d’Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer. (Qui était – rappelons –, avant d’être mis dans cette fonction, directeur général du groupe Essec. Ou, si tu préfères, éleveur en batterie de businesseux.)

La chose était titrée – à la fin de synthétiser la pensée de ce personnage : « L’ennemi, c’est l’égalitarisme. »

Et cela fait aussi un excellent résumé du règne du nouveau chef de l’État français, qui est en effet, depuis son commencement au mois de mai dernier, quelque chose comme la mise en pratique, en temps réel, d’une espèce de théorie générale du creusement journalier de toujours plus d’inégalités entre ceux que Macron himself (le gars éprouve certaines fois de la difficulté à bien se canaliser) appelle, du haut de sa morgue, « les gens qui réussissent »also known as les nantis – et « les gens qui ne sont rien » – les indigents, donc.

Dans le seul cours des quinze derniers jours, et par un saisissant raccourci, nous avons appris, d’abord, que « les 10 % de Français les plus riches » allaient être « les grands gagnants des baisses d’impôts prévues par Emmanuel Macron » – puisqu’ils vont capter 46 % de cette manne, soit 4,2 milliards d’euros –, puis, juste après, que le montant des aides au logement versées aux nécessiteux allait être concomitamment raboté de cinq euros par mois : l’on ne saurait mieux illustrer que c’est par le serrage, jusqu’à l’étouffement, des ceintures des pauvres que Macron et ses sbires vont financer le gavage des riches – sans d’ailleurs trop dissimuler que tel est bien leur objectif.

Si l’on ajoute à cela quelques déclarations triées de « l’hôte de l’Élysée » (comme disent les journalistes du Figaro) – sur « le kwassa-kwassa » qui « pêche peu » mais « amène du Comorien », par exemple, ou sur les « pays » d’Afrique où cet humaniste raffiné compte « sept à huit enfants par femme » –, puis le constat qu’il est si profondément investi dans sa dispensation de flatteries à Donald Trump ou à son « cher Bibi » Netanyahou qu’il n’a toujours pas trouvé le temps de s’offusquer de ce que ses flics interrompent régulièrement des distributions d’eau et de nourriture aux migrant(e)s de Calais, on pressent que bientôt viendra le temps des regrets. Celui, d’abord, de la tempérance so blairiste de M. Hollande. Puis même, c’est à craindre, celui de la suave modération de M. Sarkozy – car, en somme, il n’est plus douteux du tout que la droite qui depuis trois mois étend son emprise sur nos vies sera, derrière sa répugnante cautèle, au nombre des plus dégueulasses du dernier demi-siècle [1].

Faudra donc tenir et la contenir : d’ici là, si tu peux, profite un peu de l’été – bien d’la bise, et à dans un mois.

[1] C’est pas peu dire, hein ?

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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