Sens-tu comme ça pue ?

On peut comparer les attentats terroristes et l’IVG et – terrible sanction – être promu archevêque.

Sébastien Fontenelle  • 5 juillet 2017 abonné·es
Sens-tu comme ça pue ?
© photo : Monseigneur Luc Ravel en 2011. MARTIN BUREAU / AFP

La semaine dernière, s’il t’en souvient, on se parlait ici d’Alain Finkielkraut, animateur chez France Culture, et de sa pénible manie d’inviter dans son émission son vieil « ami » xénophobe Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », condamné en 2014 pour « provocation à la haine et à la violence » après avoir tenu, quelques ans plus tôt, des propos qui présentaient les musulmans comme « des guerriers envahisseurs dont le seul objectif est la destruction et le remplacement du peuple français et de sa civilisation par l’islam ».

Et voilà que huit jours plus tard, au moment précis où j’allais m’atteler à la rédaction de ces lignes, je découvre chez Twitter qu’à son tour l’archevêque de Strasbourg « brave le politiquement correct », sous les hourras de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles, dont le patron a été condamné en 2015 pour « provocation à la discrimination envers les musulmans » après que son magazine eut consacré une couverture illustrée par une Marianne voilée à « l’invasion qu’on nous cache ».

Monseigneur Luc Ravel – c’est le nom de ce prélat – n’en est pas exactement à son coup d’essai. Au temps où il officiait dans l’aumônerie militaire catholique des armées, il avait par exemple écrit, en février 2015, dans le très officiel mensuel d’information de cette vénérable institution [1] (attention, avant de lire, munis-toi d’un assez grand sac à vomi) : « Le chrétien se sent pris en tenaille entre […], d’un côté, des adversaires déclarés et reconnus : les terroristes de la bombe, vengeurs du prophète ; de l’autre côté, des adversaires non déclarés mais bien connus : les terroristes de la pensée, prescripteurs de la laïcité, adorateurs de la République. Dans quel camp se situer comme chrétien ? Nous ne voulons pas être pris en otage par des islamistes. Mais nous ne souhaitons pas être pris en otage par des bien-pensants. L’idéologie islamique vient de faire 17 victimes en France. Mais l’idéologie de la bien-pensance fait chaque année 200 000 victimes dans le sein de leur mère. L’IVG devenue droit fondamental est une arme de destruction massive[1]. Alliés pour la France avec d’autres, nous devons faire front contre les attaques terroristes explicites. Mais, pour autant, nous ne devons pas cautionner les folies de l’euthanasie, du mariage pour tous et autres caricatures de Charlie Hebdo. »

Deux ans plus tard, en février dernier, Luc Ravel était – terrible sanction – promu archevêque de Strasbourg : le décret de nomination a été signé par le chef de l’État de l’époque – l’excellent M. Hollande –, selon les règles du régime concordataire. Et le voilà donc qui déclare, dans un quotidien alsacien : « Les croyants musulmans le savent très bien que leur fécondité est telle qu’aujourd’hui, comment ils appellent ça ? Le Grand Remplacement, ils vous le disent de façon très calme, très positive, “mais de toute façon, un jour, tout ça, ça sera à nous.”»

Ça pue, tavu ? Mais, avec un peu de chance, cette nouvelle dégueulasserie vaudra bientôt à son auteur – puisque telle semble être sa norme – du rabiot de promotion.

[1] Merci, @tsoye.

[2] C’est moi qui souligne, entre deux haut-le-cœur.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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