Donald Trump fait renaître le Ku Klux Klan

Non contente de faire resurgir ses fantasmes suprémacistes, l’Amérique blanche du Président gonfle, plus que jamais, les muscles sur la scène internationale.

Maïa Courtois  • 29 août 2017
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Donald Trump fait renaître le Ku Klux Klan
photo : RON SACHS / DPA

Il a été qualifié d’inconséquent, d’idiot, voire de demi-fou. Avant tout, Donald Trump est un homme d’extrême droite. Un Président qui décomplexe les fascistes de son pays, et autorise les néonazis à sortir de l’ombre. « Charlottesville a prouvé […] que nous avancions dorénavant à visage découvert », se félicite Richard Spencer, organisateur de la manifestation suprémaciste, dans une interview accordée au JDD dimanche dernier. Samedi 12 août, dans les rues de Charlottesville, défilent membres du Ku Klux Klan et autres militants arborant l’insigne de la croix gammée. Deux heures après le début du rassemblement, un jeune homme de 20 ans fonce en voiture dans la foule des antifascistes venus protester. Une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, est tuée sur le coup. Trente-cinq personnes sont blessées.

Donald Trump met trois jours à réagir. Dans un discours évasif, qu’il lit sagement sur son prompteur, il condamne les « violences racistes ». Mais moins de 48 heures après, il fait volte-face. Sans prompteur cette fois, et sous les dorures de sa Trump Tower, il soutient aux journalistes qu’« il y a eu des torts des deux côtés ». Et affirme que les antifascistes ont « une part de responsabilité » pour avoir « violemment attaqué » les suprémacistes.

Présent à Charlottesville, David Duke, ancien dirigeant du Ku Klux Klan, ne manque pas de saluer cette dénonciation des « terroristes de gauche » : « Merci, Président Trump, pour votre honnêteté et votre courage. » Pourquoi s’étonner d’une telle « connexion psychique », telle que la qualifiait dès novembre 2016 Richard Spencer, entre Donald Trump et les promoteurs d’un « État blanc » ? Ses thèmes de campagne recoupaient déjà ceux de l’auto-proclamée « alt-right » (« droite alternative ») : défense du port d’armes, stigmatisation des musulmans, murs élevés contre l’immigré « clandestin ».

Non contente de faire resurgir ses fantasmes suprémacistes, l’Amérique blanche de Donald Trump gonfle, plus que jamais, les muscles sur la scène internationale. Au lendemain de l’élection de l’Assemblée constituante au Venezuela, le 11 août, Donald Trump dit envisager, depuis son golf du New Jersey, là où il prend ses vacances, une « possible option militaire » contre le gouvernement Maduro. Une déclaration nonchalante comme un tweet. Depuis une semaine, le Président envenime dangereusement les tensions avec la Corée du Nord. Ayant promis à Pyongyang « le feu et la colère », il menace en 120 caractères : « Les solutions militaires sont en place et prêtes à l’emploi. » Un registre interventionniste loin de ce qu’il prônait durant sa campagne. Mais des contradictions, Donald Trump n’a que faire, occupé qu’il est à flatter ceux « qui l’ont fait Président », comme aime à le lui rappeler David Duke. À savoir, des « Américains blancs ».

Les échos
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