De sévères contre-offensives

Ces consternantes « journées de mobilisation » n’empêchent aucune vilenie gouvernementale.

Sébastien Fontenelle  • 6 septembre 2017 abonné·es
De sévères contre-offensives
© photo : Alexandre Resende / Hans Lucas

L’autre jour, Édouard Philippe, Premier ministre d’Emmanuel Macron, a tweeté que « la meilleure sécurité face au chômage, c’est la compétence ». (Et que c’est pour ça qu’il va « préparer la transformation de l’apprentissage et de la formation pro ».) Cette déclaration est, bien sûr, fausse, et mensongère. Dans l’époque dégueulasse où les plans dits « sociaux » se traduisent pour les salarié-e-s viré-e-s par d’incommensurables misères mais nantissent leurs licencieurs de plus-values toujours plus grasses – demande donc à Muriel Pénicaud, ministre de l’Économie d’Emmanuel Macron, qui a, du temps qu’elle était cheffe des « ressources humaines » chez Danone, gagné 1,13 million d’euros en revendant des stock-options juste après l’annonce d’un gros plan de « restructuration » –, la meilleure sécurité face au chômage, c’est le droit du travail, même après qu’il a été si salement rogné par les « socialistes » et l’autre droite.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle MM. Macron et Philippe, diligents commissionnaires du patronat, ont procédé, sitôt que nommés, à une « réforme » – par ordonnances – du code du travail dont Muriel Pénicaud a bien sûr assuré qu’elle serait menée sans « casse sociale », mais dont chacun-e sait qu’elle porte à ce droit un coup fatal : même Le Journal du dimanche, où cette sauvagerie soulève pourtant des enthousiasmes délirants, a dû convenir, dans un très bel understatement, que lesdites « ordonnances donnent une plus grande marge de manœuvre aux entreprises pour licencier et négocier leurs propres règles ».

En de tels cas, on se rassure, autant qu’on peut, en se rappelant que les syndicats n’ont pas encore été complètement abolis – cela viendra, n’en doutons pas – et que les grandes centrales, pleinement conscientes du fait que la droite régnante déclare là une guerre d’une violence rarement vue (même sous le quinquennat de M. Hollande, qui pourtant allait loin déjà dans la molestation du salariat), vont, à l’exception bien sûr de la CFDT (qui n’est plus, depuis fort longtemps, qu’une cellule d’accompagnement des gouvernements libéraux), répliquer par de sévères contre-offensives – genre la grève générale, ou la grève générale, ou encore : la grève générale.

Mais point (du tout, du tout, du tout) : M. Martinez, de la CGT, qui doit pourtant fort bien savoir que ces happenings sont d’une rare inefficacité, propose, en tout et pour tout, et pour le 12 septembre prochain, l’une de ces consternantes « journées de mobilisation » qui n’empêchent plus jamais aucune vilenie gouvernementale – remember la loi El Khomri –, et M. Mailly, de Force ouvrière, après avoir dit et redit combien le comblait que M. Philippe l’ait consulté avant de casser le droit du travail, a promis quant à lui [1] que ses troupes ne défileraient pas contre la « réforme ».

Mais tu verras que ces deux-là pousseront de hauts cris quand nous déciderons – cela aussi viendra – de nous passer d’eux pour de bon [2].

[1] Cette proclamation a semble-t-il fâché sa base, et jusqu’à certain-e-s membres de la direction de son syndicat.

[2] Après avoir dit tout cela, j’irai bien sûr manifester le 12 septembre. Quelle misère, hein ?

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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