Céline, Gallimard et… les musulmans

La maison d’édition a renoncé à rééditer les pamphlets antisémites de Céline.

Politis  • 15 janvier 2018
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Céline, Gallimard et… les musulmans
photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Les éditions Gallimard ont décidé, le 11 janvier, de « suspendre » la réédition des pamphlets antisémites de Céline. Les tenants de la non-réédition pure et simple ont donc gagné, au terme d’un débat qui a pris un tour simpliste et brutal, comme la plupart des débats aujourd’hui. Bagatelles pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938) et Les Beaux draps (1941) restent pourtant facilement accessibles sur Internet.

En outre, les écrits de Céline tombant dans le domaine public en 2032, les éditions de ces libelles pourront alors proliférer sans aucune préoccupation quant à la nature de leur présentation. C’est pourquoi une édition critique de ces textes s’impose. Mais pas n’importe laquelle. Plusieurs historiens s’étaient prononcés pour une édition scientifique, répondant « par des faits, des apports de la recherche historique et des analyses à des écrits qui, sans cela, resteraient purement et simplement des textes de propagande haineuse et dangereuse ».

Mais ce n’était pas le choix d’Antoine Gallimard, PDG de la maison qui porte son nom, qui s’en tenait à la reprise d’une édition québécoise à l’accompagnement critique médiocre et au titre d’une légèreté douteuse : Écrits polémiques. Lui-même a fait cette déclaration « polémique » au Monde (13 janvier) : « Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire les textes de Céline. » Est-ce à dire que, réflexion faite, le patron de Gallimard a estimé le marché de la réédition de ces pamphlets insuffisant ?

Les échos
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