Génération.s se structure et se rassure

À l’occasion de sa première convention, le mouvement de BenoÎt Hamon a été à la rencontre de ses adhérents. Un répit bienvenu pour cette formation politique qui voit ses espoirs d’alliances avec les autres groupes de gauche compromis.

Agathe Mercante  • 1 juillet 2018 abonné·es
Génération.s se structure et se rassure
© Photo : Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, à la convention de Génération.s (Guillaume Pepy / Hans Lucas)

Malgré la chaleur – 35 degrés au soleil – et le coût du voyage – en moyenne 300 euros par personne – les adhérents de Génération.s ont, par centaines, répondu présent à l’invitation de Benoît Hamon à se réunir ce week-end à Grenoble. Pour sa première convention, la jeune formation politique a investi la salle Le Summum, dans le sud de la ville. Les représentants des 1 000 comités que compte Génération.s étaient invités à voter la charte fondatrice du mouvement, à acter les résultats d’une précédente consultation sur ses statuts et à assister à plusieurs ateliers et conférences sur les thèmes qui leurs sont chers : écologie, revenu universel, accueil des migrants, inégalités…

« Ces journées ont vocation à aller au cœur de ce que sont la gauche et l’écologie », explique Benjamin Lucas, seul permanent de Génération.s. « Cela va nous permettre d’échanger sur ce qui nous définit, nous structure », indique-t-il. Ces orientations, ces structures étaient attendues par les adhérents qui, durant un an, ont planché sur ces questions. « À la sortie de ce week-end, nous aurons une structure pour avancer », confirme l’un d’eux.

Têtes d’affiches écolos

Des agencements pratiques, mais aussi idéologiques. À l’occasion de la conférence « Démasquons l’action de Gérard Collomb », la jeune formation politique a renouvelé ses positions sur l’accueil des migrants, au lendemain d’un sommet européen plus que décevant. Gérard Collomb mais aussi le président de la République, Emmanuel Macron – copieusement hué par les militants à l’évocation de son action… Autant de totems brandis par Génération.s pour formuler ses critiques.

En référence au nom du parti présidentiel, le fondateur du mouvement, Benoît Hamon, a promis : « Un jour on leur marchera dessus. » Nuées d’applaudissements. Avant de préciser, comme pour se reprendre ,« enfin, pas sur les citoyens ».

Génération.s a insisté sur le volet écologique de son programme, invitant même quelques têtes d’affiches, comme Eric Piolle, le maire de la ville dont le choix pour tenir cette convention ne doit rien au hasard. L’élu écolo appuyé par une grande majorité de la gauche a ainsi tenu une conférence sur la question. Une ambiance chaleureuse et un soutien des élus locaux qui ont de quoi rasséréner un peu les cadres de Génération.s.

Incertitudes sur les alliances politiques

Moi, aujourd’hui, je vois que Benoît Hamon zigzague pour trouver sa place à gauche.

Car les dernières semaines, sur le plan national, n’ont pas été faciles. Alliés lors de l’élection présidentielle, les écologistes d’Europe écologie-Les Verts menacent désormais de rompre définitivement. Et envisagent de plus en plus sérieusement l’hypothèse d’un cavalier seul aux élections européennes. En témoigne l’interview, donnée par l’une des têtes de listes du mouvement, Yannick Jadot, dans Libération. « Aujourd’hui, il n’existe aucune raison de se lancer dans des discussions avec d’autres formations en France », a-t-il expliqué, attaquant même ad hominem :

Une attitude fustigée par les écologistes présents au congrès. « Il faut sortir des logiques boutiquières », avait estimé la veille Erice Piolle, qui appelait à un « rassemblement qui dépasse les clivages ». Mais qui demeure incompréhensible pour les militants de Génération.s… et leurs cadres. Certains ne cachent d’ailleurs pas leur déception. Comme l’eurodéputé Guillaume Balas, qui martèle : « Il n’y a pas de différences et de désaccords sur la ligne. » Une candidature propre d’Europe écologie-LesVerts pourrait bien mettre en mauvaise posture les deux mouvements politiques, qui surfent sur des vagues assez similaires.

Hasard du calendrier ? La France insoumise a esquissé un geste, une infime trêve, dans la bataille que se mènent les deux formations de gauche.

Par deux tweets, publiés ce samedi après-midi, Jean-Luc Mélenchon a indiqué que le groupe parlementaire de la France Insoumise était prêt à accueillir le député Régis Juanico (nouveau membre de Génération.s) et à s’entendre sur « un pacte de non agression et de respect mutuel ».

Refusée par l’intéressé – qui demeurera membre du groupe Nouvelle Gauche très majoritairement constitué des députés PS – la proposition n’a pas manqué de faire réagir les cadres de Génération.s, rappelant leurs nombreux désaccords, notamment sur l’Europe. Les débats sur cette question sont au programme de la journée de dimanche… Nul doute qu’ils n’iront pas dans le sens d’un rapprochement entre les deux mouvements. Mais au fond, le souhaitent-ils vraiment ?