Un budget contre les services publics

Le gouvernement poursuit une politique fiscale avantageuse pour les entreprises, financée par des économies sur la solidarité.

Erwan Manac'h  • 26 septembre 2018 abonné·es
Un budget contre les services publics
© photo : Loïc Venance/AFP

Dans la continuité du budget 2018, les baisses d’impôts se poursuivront l’année prochaine pour les entreprises (– 13 milliards d’euros), notamment par une diminution de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 31 %. Le gouvernement promet aussi 6 milliards d’euros de baisse d’impôt pour les particuliers (suppression partielle de la taxe d’habitation, désocialisation des heures supplémentaires). Une somme en réalité plus proche des 3,5 milliards, selon le calcul, plus exhaustif, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

La politique économique reste donc calibrée pour bénéficier aux actifs et aux entreprises. Pour la financer, le gouvernement continue également de piocher dans les « grandes masses budgétaires », avec un quasi-gel des retraites, des aides au logement et des allocations familiales. La taxe sur le diesel, en forte hausse, et sur les cigarettes complète cette année le tableau. Ainsi qu’une poursuite à marche forcée de la cure d’amaigrissement de l’État et des collectivités locales. Seuls sont épargnés les ministères de la Justice, notamment pour la construction de prisons, de la Défense et de l’Intérieur, où les effectifs augmentent. Pour le reste, la fonction publique d’État devra supprimer 4 164 postes de fonctionnaires.

Ministère des Finances

C’est à Bercy que la coupe sera la plus franche, avec 2 283 emplois supprimés, portant à 40 000 le nombre total d’emplois perdus depuis 2002. La numérisation et le prélèvement de l’impôt à la source sont utilisés pour vider les services, alors qu’ils créent, selon les syndicats d’agents, une surcharge importante de travail à court terme.

Ministère du Travail

Encore plus spectaculaire, le ministère du Travail affiche un budget en baisse de 14 % l’an prochain et perdra 1 600 agents. Une dégringolade justifiée par la suppression d’une prime à l’embauche dans les PME et par la baisse des emplois aidés : 130 000 « parcours emploi compétences » en 2019, contre 200 000 budgétés cette année et 460 000 en 2016. Une partie des crédits servant à embaucher 50 000 auxiliaires de vie scolaire (AVS) est aussi déportée au ministère de l’Éducation nationale.

Éducation nationale

Là encore, la coupe est douloureuse, selon les syndicats d’enseignants, qui calculent qu’avec 1 800 postes en moins et 40 000 élèves supplémentaires attendus, le nombre de profs manquants sera d’environ 2 600 dans le secondaire (collèges et lycées) l’an prochain. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, compte sur les profs pour faire davantage d’heures supplémentaires afin de pallier ce manque.

Santé

La forte pression sur les dépenses de santé va se poursuivre, malgré la crise profonde que traversent les hôpitaux. L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) a été présenté en hausse de 2,5 %, ce qui représente, au regard de l’augmentation de la consommation de soins de 4,5 % en 2019, une baisse de 2 %. Au final, 3,8 milliards d’euros devront être trouvés dans la santé, soit à peu près la même posologie que chaque année depuis 2016.

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