Danemark : avis de bon vent

À chaque bilan d’étape ou presque, le Danemark dépasse ses buts intermédiaires dans la marche à l’objectif final et radical de sa politique énergétique et climatique : la « décarbonation » de son économie en 2050.

Patrick Piro  • 31 octobre 2018 abonné·es
Danemark : avis de bon vent
photo : En 2017, l’éolien a pourvu à 43,4 % des besoins danois en électricité.
© Patrick Piro

Vue de la France, c’est une terre de cocagne énergétique : la question n’est pas « y arriveront-ils ? », mais « avec combien d’années d’avance ? ». À chaque bilan d’étape ou presque, le Danemark dépasse ses buts intermédiaires dans la marche à l’objectif final et radical de sa politique énergétique et climatique : la « décarbonation » de son économie en 2050. C’est-à-dire l’élimination complète dans tous les secteurs des hydrocarbures, émetteurs de CO2 (pétrole, charbon, gaz). Le pays, aujourd’hui au tiers du chemin, estime parvenir à la moitié dès 2030 – dans douze ans à peine –, notamment grâce à l’essor spectaculaire des énergies vertes électriques, chantier leader et très avancé. À cet horizon, solaire, biomasse et surtout éolien pourraient même couvrir intégralement la consommation d’électricité danoise. En 2017, le vent a pourvu à 43,4 % des besoins (1).

Le 29 juin, le gouvernement appuyait à nouveau sur l’accélérateur en annonçant une impressionnante série de mesures couvrant tout l’éventail du secteur énergétique d’ici à 2024 : la construction de trois nouveaux parcs éoliens de très grande taille en mer, des fonds pour le biogaz, les économies d’énergie et les transports verts, des facilités fiscales pour les foyers qui passent à l’électricité renouvelable, la modernisation des réseaux de chaleur, ou encore la constitution de réserves annuelles pour assurer la poursuite des efforts à partir de 2025. Le Danemark est sans conteste à la pointe mondiale de la transition énergétique. Et la recette est connue : l’option zéro nucléaire (2), des facilités constantes pour l’investissement des particuliers et des collectifs dans l’éolien (le pays est bien venté), des politiques cohérentes et un consensus social rarement démenti. Le paquet du 29 juin a été soutenu par la totalité des partis représentés au Parlement.

(1) En France, l’ensemble des renouvelables en couvrent 19 %.

(2) Définitivement rejeté par référendum dans les années 1970, à l’époque où la France misait tout sur l’atome.

Monde
Publié dans le dossier
10 bonnes nouvelles en Europe
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es

Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.
Par Olivier Doubre
« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche
Analyse 19 novembre 2025 abonné·es

Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche

Devant la menace russe, l’instabilité américaine et la montée des tensions géopolitiques, quelle attitude adopter ? Entre pacifisme historique, tentation souverainiste et réorientation stratégique, le PS, les Écologistes, LFI et le PCF peinent à trouver une ligne commune.
Par Denis Sieffert