« Anguille sous roche » : Amour à la dérive

Guillaume Barbot met en scène Anguille sous roche, premier roman du Comorien Ali Zamir.

Anaïs Heluin  • 23 janvier 2019 abonné·es
« Anguille sous roche » : Amour à la dérive
© Photo : capture d'écran

Lorsqu’il découvre Anguille sous roche, d’Ali Zamir (1), Guillaume Barbot vient de créer, avec sa compagnie Coup de poker, On a fort mal dormi. Une délicate adaptation des Naufragés. Avec les clochards de Paris, de Patrick Declerck, interprétée par l’excellent Jean-Christophe Quenon, qui, entre récit et incarnation, raconte la première immersion du psychologue et ethnologue au sein du centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre. Le premier roman du jeune auteur comorien, longue phrase syncopée de plus de 300 pages, le touche d’emblée. « Encore une histoire de naufragés », dit-il. Celle d’une prénommée Anguille, 17 ans, « solaire, pleine d’uppercuts, là mais déjà absente, sans attache, insaisissable ».

Seule sur le plateau, une actrice fait ses premiers pas au théâtre : Déborah Lukumuena, remarquée pour son interprétation dans le film Divines, de Houda Benyamina. La pièce de Guillaume Barbot est celle des premières fois. D’autant plus que, si l’héroïne éponyme d’Anguille sous roche monte à bord d’un kwassa-kwassa – embarcation de fortune où se risquent de nombreux Comoriens pour gagner Mayotte –, c’est à la suite du désespoir provoqué par son premier amour. Un certain Vorace.

Avec son regard et sa voix de petite fille logés dans un très grand corps, la comédienne semble taillée pour la logorrhée d’Anguille. Elle se lance dans une tirade tragicomique pleine de coq-à-l’âne où elle convoque toutes les personnes de sa vie. L’amant qui l’a vite quittée pour une autre, sa sœur jumelle Crotale, sa mère Connaît-Tout ou encore sa tante Tranquille, qui, dans sa bouche, sont les protagonistes d’une petite fresque où le magique côtoie de près le réel. De même que le rire talonne sans cesse les larmes.

(1) Éditions Le Tripode, 2016.

Anguille sous roche, jusqu’au 27 janvier au Théâtre Gérard-Philipe, Saint-Denis (93), 01 48 13 70 00, www.theatregerardphilipe.com

Théâtre
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