Tafta : le Parlement européen ne soutient pas la reprise des négociations

La résolution sur la reprise des négociations commerciales entre l’Europe et les États-Unis n’a pas trouvé de majorité au Parlement européen, mettant les États membres sous pression à l’approche du Conseil de l’UE des 21 mars et 22 mars.

Erwan Manac'h  • 14 mars 2019
Partager :
Tafta : le Parlement européen ne soutient pas la reprise des négociations
© crédit photo : FREDERICK FLORIN / AFP

Ni pour, ni contre, bien au contraire. Le Parlement européen devait se prononcer ce jeudi sur une résolution adoubant la reprise des négociations commerciales entre l’Europe et les États-Unis. Le fameux Tafta, tant décrié, dont le but est de mettre à bas les derniers droits de douane et les barrières « non tarifaires » au commerce (réglementations, homologations, etc.), avait été bloqué dans l’œuf il y a trois ans, devant la mobilisation de la société civile et avec l’élection de Donald Trump.

À lire aussi >> Nos articles sur les accords de libre-échange

Sur fond de campagne pour les élections européennes, cette résolution non contraignante n’a pas obtenu de majorité. Plusieurs amendements s’opposant à la négociation, obtenus par les opposants au traité de libre-échange, ont notamment échaudé une partie des libéraux. Le vote de ce jeudi (223 contre, 198 pour et 37 abstentions) exprime donc davantage un non-choix qu’une opposition de principe à la reprise des négociations. Cet échec met néanmoins les États membres sous pression à l’approche du Conseil de l’UE qui doit se tenir le 21 mars et 22 mars et s’annonce crucial sur ce dossier.

Tensions commerciales

L’Europe et les États-Unis ont entrepris ces derniers mois un rapprochement, espérant avancer sur un texte baissant les droits de douane sur les produits industriels et l’automobile. Et ce, sous la pression de Donald Trump, qui menace d’imposer des tarifs douaniers unilatéraux, au grand dam de l’Allemagne qui exporte ses berlines aux États-Unis. Il incite également à inclure dans la négociation le domaine ultra-sensible de l’agriculture, ce que refuse officiellement Bruxelles.

Les ONG, en particulier environnementales, ont fermement combattu cette idée, faisant notamment valoir l’engagement de la France, prononcé au moment du passage en force sur un autre dossier similaire, l’accord de libre-échange UE-Canada. Emmanuel Macron l’a répété devant l’assemblée générale de l’ONU le 25 septembre, la France ne signera pas d’accords de libéralisation du commerce avec des pays qui n’ont pas ratifié l’accord de Paris sur le climat, alors que les États-Unis de Donald Trump en sont sortis le 1er juin 2017.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian
Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes
Budget 30 octobre 2025 abonné·es

Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes

Jouant la carte de la responsabilité, le PS rêve de faire adopter une mesure alternative à la taxe Zucman. Au risque de s’isoler du reste de la gauche et de perdre le rapport de force face au gouvernement.
Par Lucas Sarafian
Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »

Depuis lundi matin en commission, Claire Lejeune, députée insoumise de la septième circonscription de l’Essonne débat du volet recettes du projet de loi de finances 2026. Sans réussir à obtenir d’avancées majeures, alors que les débats en séance commencent vendredi.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas