Europe : l’Union à la découpe

L’élection du nouveau président de la Commission européenne est en cours, mais le sommet européen des 20 et 21 juin a échoué à s’accorder sur un nom.

Michel Soudais  • 26 juin 2019 abonné·es
Europe : l’Union à la découpe
© crédit photo : Dominika Zarzycka/NurPhoto/AFP

Qui succédera à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne ? À une semaine de la première session du nouveau Parlement européen, le 2 juillet, le suspense restait entier. Le sommet européen des 20 et 21 juin, dont c’était l’un des ordres du jour, a échoué à s’accorder sur un nom. L’élu doit obtenir le soutien de 21 des 28 dirigeants européens et rallier une majorité d’au moins 376 voix au Parlement européen. Or, à l’ouverture du sommet, les chefs des groupes Socialiste (153 élus) et Renew Europe – nouveau nom du groupe libéral ALDE composé de 102 élus, dont les eurodéputés macroniens – au Parlement européen ont annoncé à l’Allemand Manfred Weber, prétendant du Parti populaire européen (PPE, 182 élus), qu’ils ne soutiendraient pas sa candidature. Il n’existe pas plus de majorité pour les deux autres candidats, le Néerlandais Frans Timmermans (Socialistes) et la Danoise Margrethe Vestager (Renew Europe).

En entérinant l’incapacité des chefs de file des partis politiques européens à réunir sur leur nom une majorité, le Conseil a tiré un trait sur le système des Spitzenkandidaten. Une victoire pour Emmanuel Macron, très opposé à ce système. C’est toutefois le seul succès dont il peut se prévaloir. Sur le papier, son idée d’un « budget de la zone euro » prend forme, mais c’est une coquille vide. « On parle d’un, deux ou trois milliards par an, note un haut fonctionnaire européen. C’est peanuts ! » Les Vingt-Huit ont échoué aussi à trouver un accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière significative d’ici à 2050, en raison du blocage de la Pologne, soutenue par la Hongrie, la Tchéquie et l’Estonie.

Un accord susceptible de satisfaire les principaux groupes se serait toutefois dessiné entre les Vingt-Huit sur la répartition politique des quatre postes de pouvoir. L’exigence du PPE, premier groupe au Parlement, de présider la Commission européenne n’est pas contesté, mais il faudra un autre candidat que le Bavarois Weber. La présidence du Conseil européen, assurée par le Polonais Donald Tusk, qui ne peut se représenter, reviendrait aux libéraux de Renew Europe. Tandis que les Socialistes obtiendraient le poste clé de la diplomatie européenne et se partageraient la présidence du Parlement avec les Verts (75 élus), à raison de deux ans et demi chacun. Reste à mettre des noms sur ces postes et celui de président de la Banque centrale européenne, convoité par Berlin. C’est l’objet d’un Conseil extraordinaire convoqué le dimanche 30 juin. Un énième sommet de crise pour une Union de plus en plus ingouvernable.

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