La complicité des mangeurs de yaourts
Dans Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner, François Samson-Dunlop livre un regard cinglant et pédagogue sur l’évasion fiscale.
Ce matin-là, la radio grésillante du narrateur crache de nouvelles révélations : « Le Premier ministre [canadien] a placé 600 000 dollars dans un compte de l’île de Jersey, considérée comme un paradis fiscal, alors qu’il travaillait comme neurochirurgien en Arabie saoudite. Cette manœuvre, tout à fait légale, lui a permis de ne payer aucun impôt. »
Et le journaliste de la station d’interpeller Alain Deneault, philosophe, spécialiste de ces questions : « Le problème, c’est qu’on puisse recourir à un paradis fiscal comme celui-là, sur un mode légal. Mais il est difficile de s’attendre à ce qu’un chef d’État qui bénéficie d’un paradis fiscal lutte contre l’évasion fiscale. » En France, voilà qui rappelle quelques souvenirs (au moins pour un ministre). La messe est dite alors ? Ou pas, ou presque.
Le lendemain, le narrateur, qui aime se mettre en scène – avec sa compagne, amusée et sceptique –depuis son petit-déjeuner café-toasts à son ordinateur, apprend que Cristiano Ronaldo a dissimulé 150 millions d’euros en Suisse et aux îles Vierges britanniques. Une prouesse financière de plus. Alain Deneault poursuit sa réflexion : « Les manques à gagner pour le Trésor public occasionnés par le recours aux paradis fiscaux expliquent en grande partie les plans d’austérité. Le public en subit les conséquences de plein fouet. » Suffit ! Et le narrateur, las de ces scandales, de refuser de « mettre [son] pied dans leur beurre ! », prêt à cesser toute collaboration avec les entreprises complices de l’évasion fiscale. Du David contre Goliath contemporain.
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