La sécheresse tue les oiseaux en masse

La sécheresse et la canicule ont tué des centaines de milliers d’oiseaux en France cet été.

Claude-Marie Vadrot  • 22 septembre 2019
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La sécheresse tue les oiseaux en masse
© crédit photo : GUILLAUME SOUVANT / AFP

Tout au long de l’été, de canicules en sécheresses, les observateurs n’ont cessé de trouver des cadavres d’oiseaux sur les routes, dans les champs ou encore au pied de leurs nids, tandis que les oisillons s’égosillaient en vain avant de mourir de faim. Une disparition sans blessures apparentes.

Tous les ornithologues ont fait le même constat : autour des mangeoires disposées dans des jardins et les forêts périurbaines, qui se vident en quelques heures de leurs graines, les espèces d’oiseaux se sont raréfiées. Disparus les sitelles, les grimpereaux, les pinsons, bouvreuils, les rouges-queues ou les rouges gorges ; et raréfiés les grives musiciennes et les merles. Il ne reste que des moineaux et de rares mésanges charbonnières. Sans oublier les hécatombes d’hirondelles déjà privées, comme d’autres oiseaux, d’une partie grandissantes des insectes dont elles s’aliment, tués par les pesticides.

Eau raréfiée

La faune aviaire a été décimée depuis le mois de juin par un climat hors normes. Il existe plusieurs explications à la mort de centaines de milliers d’oiseaux sur le territoire français. D’abord les coups de chaleur qui les saisissent parfois en plein vol. Ensuite la raréfaction de la nourriture disponible dans les champs et les espaces forestiers brûlés par le soleil. D’autant plus que l’eau a disparu des mares, des étangs et de centaines de cours d’eau qui ne coulent plus, alors que la plupart des oiseaux ont besoin d’eau pour boire et pour se baigner. Il suffit de voir comment ils se précipitent vers les récipients peu profonds regarnis régulièrement d’eau pour comprendre à quel point ils en ont besoin pour survivre à sécheresse, surtout quand ils ne peuvent pas voler loin pour en trouver.

Coup à la biodiversité

Cette sécheresse sans précédent a touché de nombreux pays européens. La disparition des oiseaux cet été n’a pas encore été chiffrée avec précision, mais dans tous les cas c’est un nouveau coup à la biodiversité. Et nous ne saurons que dans quelques années à quel point les arbres où se réfugient de nombreux oiseaux ont été touchés.

L’exemple du continent nord-américain offre un exemple terrifiant. Une étude publiée il y a quelques jours par le magazine Science par des chercheurs de l’université Cornell explique que depuis 1970 la population d’oiseaux des États-Unis a perdu près de 3 milliards d’individus. La régression est par exemple de 90 % pour les hirondelles. Une proportion que l’on n’exclut pas de retrouver en France lorsque l’on fera les comptes après cet été meurtrier. De quoi vérifier la terrible prévision de Rachel Carson dans son livre _Le Printemps silencieux paru en 1962.

La pluie, si elle revient, ne ressuscitera pas plus les oiseaux disparus que les discours d’Emmanuel Macron..

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