Le HCR supplie la communauté internationale de définir un statut des réfugiés climatiques

Le représentant du HCR prévient que des millions de réfugiés du climat seront chaque année chassés de leurs terres et de leurs pays

Claude-Marie Vadrot  • 28 janvier 2020
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Le HCR supplie la communauté internationale de définir un statut des réfugiés climatiques
© Photo : Filippo Grandi à Davos (Fabrice COFFRINI / AFP)

Intervenant en marge du Forum de Davos, en Suisse, le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a solennellement prévenu les participants que la planète a besoin de se préparer à accueillir des millions de réfugiés climatiques :

Tout individu dont la vie est menacée par les conséquences du réchauffement ou du dérèglement du climat et qui se trouve dans l’obligation de franchir une frontière pour préserver son existence ne doit pas être renvoyé dans son pays. Il risque sa vie comme dans une situation de guerre ou de persécution.

Le Haut représentant des Nations Unies a rappelé que tous les pays doivent être prêts à faire face au « surgissement » de populations contre leur volonté. Il a également ajouté qu’il était impossible de prévoir leur nombre et les pays d’où ils surgiront, mais qu’il est certain qu’ils se compteront en millions. Le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a été créé à la fin de l’année 1950 pour régler la question des populations des pays européens déplacées ou dispersées par la seconde guère mondiale, puis mobilisé pour venir en aide aux premiers réfugiés Palestiniens. Avant d’intervenir pendant ou après tous les conflits.

Des réfugiés partout

Aujourd’hui, en listant les événements qui justifieraient d’accorder un statut officiel de réfugies aux victimes du climat, le HCR cite comme exemple les incendies en Australie, la montée des mers et océans, la destruction des récoltes ou des troupeaux, les sécheresses, les inondations ou les tempêtes. Et ceci aussi bien dans les pays du Sud que dans les nations industrialisées. Illustration : les habitants d’une île du Sud des États-Unis ont dû abandonner leurs villages et sont considérés comme étant les premiers réfugiés américains. Sans bénéficier d’une aide quelconque, comme d’ailleurs les Inuits qui ont du fuir quelques villages de l’Alaska. Le HCR considère d’ailleurs que les réfugiés ne seront pas seulement des habitants de pays pauvres.

Le problème du HCR et des Nations Unies, c’est que la Convention de 1950 ne laisse aucune place ni ne prévoit un statut pour les réfugiés du climat.

Parfois même, comme en Turquie, les réfugiés sont utilisés comme un moyen de pression sur d’autres pays vers lesquels le gouvernement du pays hôte menace régulièrement de « les lâcher ». Dans de nombreux pays ils sont l’objet de chantages inter-États dans lesquels l’ONU ne peut pas ni intervenir

Obstacles politiques et financiers

Cela fait des années que le HCR demande aux 194 membres des Nations Unies de se mettre d’accord sur une définition internationale des réfugiés climatiques. Un statut qui leur permettrait d’avoir accès, comme les individus chassés par les conflits ou les persécutions politiques ou religieuses, aux camps du HCR et à la protection des Nations Unies.

À lire > Les réfugiés climatiques éternels oubliés des conférences

Mais cela implique des décisions politiques et aussi une augmentation des moyens financiers du HCR. Un organisme qui assure déjà l’assistance de 70 millions de déplacés (hors de leurs pays) répartis dans plus d’une centaine de camps où ils vivent souvent des années. Tout cela pour un budget relativement modeste : 8 milliards d’euros en 2019 qui ne permettent souvent qu’un seul repas par jour et un hébergement sous tentes, quel que soit le climat.

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