Une chaîne humaine contre les violences policières

Après les incidents survenus dans plusieurs quartiers populaires, dont la population précarisée est en première ligne face au coronavirus, des dizaines d’organisations appellent à un rassemblement lundi 11 mai au départ du pont de l’Île-Saint-Denis.

Collectif  • 7 mai 2020
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Une chaîne humaine contre les violences policières
© PHOTO : LE 20 AVRIL À VILLENEUVE-LA-GARENNE (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le 24 avril, en réaction à l’interpellation policière de Villeneuve-la-Garenne et les événements qui ont suivi dans diverses communes, une quarantaine d’organisations, collectifs, syndicats et associations publiaient un texte intitulé « La colère des quartiers populaires est légitime ». Elle appellent aujourd’hui à un rassemblement contre les violences policières dans les quartiers populaires, sous la forme d’une chaîne humaine respectant les gestes barrières, le lundi 11 mai à 18 h 30, au départ du pont de l’Île-Saint-Denis (entre Villeneuve-la-Garenne et L’Île-Saint-Denis). Le rendez-vous est donné à la station de tramway T1 L’Ile-Saint-Denis.

Voici le texte initialement publié le 24 avril :

Dans la nuit du 19 au 20 avril, plusieurs quartiers populaires ont connu des nuits de révolte. La veille au soir, un homme a failli perdre sa jambe à Villeneuve-la-Garenne après une violente tentative d’interpellation policière et c’est bien cela qui a mis le feu aux poudres. Les populations qui vivent dans les quartiers populaires sont en première ligne face à la crise sanitaire : elles sont parmi celles qui travaillent dans les « secteurs essentiels », celles qui permettent à notre société de ne pas s’effondrer aujourd’hui. Pourtant, les inégalités sociales, déjà criantes, sont renforcées par la gestion du coronavirus et vont exploser avec la crise économique et sociale à venir. Ce dont témoigne déjà, entre autres, la surmortalité particulièrement élevée en Seine-Saint-Denis depuis le début de l’épidémie. Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu discriminatoire imposé aux habitant·es de ces quartiers par la ville de Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les ignorer. Alors nous le disons très clairement : nous refusons de renvoyer dos-à-dos les révoltes des populations dans les quartiers populaires et les violences graves et inacceptables exercées par la police. Nous n’inversons pas les responsabilités et nous le disons tout aussi clairement : ces révoltes sont l’expression d’une colère légitime car les violences policières ne cessent pas. Les inégalités et les discriminations doivent être combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la justice et la dignité.

Organisations signataires :

Attac – Acceptess-T – Cedetim – CCIF – CGT – CGT Ferc-Sup Paris 8 – Collectif Romain Rolland Ivry – Collectif Vies Volées – Collectif du 10 novembre contre l’islamophobie – Comité Adama – Comite vérité et justice pour Gaye Camara – Comité vérité et justice pour Lamine Dieng – Compagnie Jolie Môme – Coordination Pas Sans Nous – Diem25 France – ENSEMBLE ! – FASTI – Justice pour Matisse – Franc Moisin citoyenne – LDH – NPA – PEPS – SUD Rail – UCL – UCL Saint-Denis – Union syndicale Solidaires – Union départementale Solidaires 93 – Union locale SUD-Solidaires Saint-Denis – UNPA- UVP-filmer la police
**Premier·es signataires individuel·les**
Hamid Ait Omghar – Marion Alcaraz, juriste – Torya Akroum, cheminote – Verveine Angeli, Union syndicale Solidaires – Hind Ayadi, habitante de Garges-lès-Gonesse et militante associative, fondatrice d’espoir et création – Amal Bentounsi, UNPA – Olivier Besancenot, porte-parole du NPA – Saïd Bouamama, sociologie, membre du FUIQP – Youcef Brakni, militant des quartiers populaires – Abdourahmane Camara – Sabrina Bousekkine, association Emergence, Le Blanc-Mesnil – Alexis Cukier, philosophe – Luc Decaster, cinéaste et militant du collectif Ali Ziri – Christine Delphy, féministe, sociologue – Éric Fassin, sociologue – Mohamed Gnabaly, maire de L’Île-Saint-Denis – Michelle Guerci, journaliste – Boualem Hamadache, secrétaire du syndicat SUD conseil départemental de Seine-Saint-Denis – Ladja Hamidouche, collectif de soutien aux Roms Argenteuil – Dawari Horsfall, militant associatif et conseiller municipal à Massy – Fethia Kerkar – Aude Lancelin, journaliste – Mathilde Larrère, historienne – Jessica Lefevre – Océan, comédien – Fabien Marcot, graphiste – Zouina Meddour, militante associative, Le Blanc-Mesnil – Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire – Moustapha Mansouri, collectif contre les violences policières Argenteuil – Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis – Hanane Miloudi, association Emergence, Le Blanc-Mesnil – Mame-Fatou Niang, enseignante-chercheure – Jean-Francois Pelissier, porte-parole d’Ensemble ! – Philippe Poutou, porte-parole du NPA – Théo Roumier, syndicaliste et libertaire – Julien Salingue, docteur en science politique – Aïssata Seck, adjointe au maire de Bondy – Omar Slaouti, militant antiraciste – Azzedine Taibi, maire de Stains – Assa Traoré
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