Pauvreté : La méprise qui cache mal le mépris

Contrairement aux annonces gouvernementales, les aides exceptionnelles ne concerneront pas « tous les jeunes ».

Politis  • 21 octobre 2020
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Pauvreté : La méprise qui cache mal le mépris
Crédit : Xosé Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Emmanuel Macron ne s’est pas encombré de trop de détails, le 14 octobre, au moment d’annoncer une aide ponctuelle de 150 euros, plus 100 euros par enfant, à « tous les jeunes bénéficiaires du RSA et des APL ». Une manière de toucher « tous les jeunes » qui n’ont pas le droit au RSA, assure le président. Sauf que les allocataires des APL n’auront que la prime liée aux enfants, et qu’ils sont peu nombreux à en avoir.

Malheureuse méprise ou sérieux mépris ? En tentant de se racheter, trois jours plus tard dans Le JDD, le Premier ministre, Jean Castex, sombre à nouveau, benoîtement. « Les jeunes aux APL » toucheront 150 euros, clame-t-il. Sauf que la nouvelle annonce ne concerne pas les 1,3 million de jeunes allocataires des APL, mais uniquement les 400 000 non-étudiant·es ; pour les autres, seuls les boursiers y auront droit. « Une formulation un peu rapide », s’excuse illico le gouvernement, qui reconnaît « une imprécision du périmètre ». « C’est régulier lors des annonces autour des aides sociales. Elles sont en général expédiées en dix secondes. Et, à la fin, personne ne sait clairement à quoi il a droit », déplore dans Ouest-France Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre. Sur le fond, cette aide ponctuelle a été accueillie sèchement par les associations de lutte contre la pauvreté, qui s’inquiètent d’une explosion des besoins. Elles n’ont de cesse de réclamer un RSA permettant réellement de vivre (revalorisé à 837 euros, soit le seuil de pauvreté), inconditionnel et ouvert à tous, avant 25 ans.

Les échos
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