La parole aux scientifiques : L’érosion de la biodiversité

« Un rongeur australien n’a plus été aperçu depuis 2009 en raison de la montée des eaux. »

Vanina Delmas  • 25 novembre 2020 abonné·es
La parole aux scientifiques : L’érosion de la biodiversité
© Manon Moulis / Biosphoto / Biosphoto via AFP

Céline Bellard, écologue au CNRS avec Clara Marino et Camille Bernery, doctorantes

Cinq grands facteurs sont aujourd’hui responsables de l’érosion de la biodiversité : la perte d’habitat, la surexploitation des espèces, les espèces envahissantes, la pollution et enfin le changement climatique. Si aujourd’hui la majorité des extinctions contemporaines ont eu lieu en raison de la perte d’habitat, le changement climatique est prédit pour devenir l’une des principales causes de perte de diversité mondiale. C’est l’ensemble des composantes du changement climatique (augmentation moyenne des températures, changement dans le régime des précipitations, augmentation des évènements climatiques extrêmes et la hausse du niveau des mers) qui affectent les espèces animales et végétales. Chaque espèce a des conditions climatiques optimales au sein desquelles, elle survit, se nourrit et se reproduit. Le réchauffement climatique global vient modifier ses conditions optimales au sein de l’habitat des espèces. Les espèces sont donc contraintes de s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques ou à disparaître.

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Pour faire face à ce changement, les espèces peuvent se déplacer pour suivre les conditions climatiques qui leurs sont favorables, c’est typiquement ce que l’on observe en altitude avec un déplacement des espèces vers des altitudes plus élevées. Les travaux de Jonathan Lenoir, chercheur CNRS, ont montré qu’à l’échelle de l’ensemble des montagnes françaises, les conditions optimales climatiques des espèces végétales forestières sont remontées en moyenne de 29 m par décennie depuis le milieu des années 1980. Un autre moyen de faire face aux changements climatiques est de modifier la phénologie des espèces. Il s’agit par exemple pour certaines plantes d’avancer leurs dates de floraison. Pour les espèces qui n’ont pas la capacité de s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, une température trop élevée ou une sécheresse trop intense, elles sont vouées à l’extinction.

La première victime du changement climatique a été documentée en 2016 il s’agit d’un rongeur endémique australien qui n’a pas été aperçu depuis 2009 en raison de la montée des eaux. L’Union Internationale pour la conservation de la Nature (UICN) estime qu’actuellement le changement climatique contribue à augmenter le risque d’extinction pour près de 19% des espèces menacées mondiales.

L’un des exemples les plus emblématiques et charismatiques est l’ours polaire qui subit directement les effets des changements climatiques car leur habitat, la banquise, est directement réduit en raison du réchauffement global. C’est donc son lieu de chasse, de repos et de reproduction qui diminue chaque année. Selon WWF, d’ici à 2050, la surface de son habitat diminuera de près de 40%, diminuant ainsi sa population de plus de deux tiers. L’augmentation des feux de forêts a également des conséquences majeures sur la perte de diversité mondiale. Les récents incendies en Australie auraient causé la mort d’au moins 500 millions d’animaux en 2020.

Écologie
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