« Rhapsodic », de Nicolas Repac : Rêve party

Nicolas Repac poursuit son exploration du monde avec Rhapsodic, conçu à partir d’échantillons sonores de tous horizons.

Jérôme Provençal  • 13 janvier 2021 abonné·es
« Rhapsodic », de Nicolas Repac : Rêve party
© Stéphane H

Dans le circuit musical depuis trente ans, Nicolas Repac – à la fois auteur-compositeur-interprète, arrangeur et producteur – est connu notamment grâce à sa longue relation artistique avec Arthur H, les deux hommes ayant réalisé ensemble plusieurs albums. Entamé en 1997, avec La Vile, son très libre parcours solo l’amène aujourd’hui à présenter son cinquième album. Intitulé Rhapsodic, il s’inscrit dans le prolongement de Swing-Swing (2004) et de Black Box (2012), deux disques qui projettent respectivement le jazz des années 1930 et le blues originel dans le XXIe siècle en utilisant des éléments sonores d’époque, échantillonnés puis malaxés avec des rythmes -électroniques.

« Après avoir traversé le jazz et le blues, qui m’ont passionné durant mon enfance et mon adolescence, je me suis tourné naturellement vers l’endroit d’où proviennent en partie ces musiques, c’est-à-dire l’Afrique», explique Nicolas Repac à propos de Rhapsodic. Le projet s’est élargi aux autres continents – en particulier à l’Asie et à l’Océanie – durant l’élaboration de l’album, qui a nécessité cinq ans de travail.

Le processus créatif a démarré en 2015, avec le soutien décisif de Charles Duvelle. Cofondateur avec Pierre Schaeffer de l’illustre collection Ocora de Radio France, créée en 1960 et spécialisée dans les musiques traditionnelles du monde entier, Duvelle a monté ultérieurement Prophet, son propre label dédié aux musiques traditionnelles. Séduit par le projet et par les précédents albums « rétrofuturistes » de Repac, il lui a laissé toute latitude pour explorer le vaste fonds de Prophet.

Prélevant dans cette mine d’or sonore de nombreux échantillons, puisant aussi à d’autres sources en complément, ajoutant des parties rythmiques et assemblant minutieusement le tout, Nicolas Repac a ainsi composé une cinquantaine de morceaux – chacun rassemblant quarante à cinquante échantillons en moyenne. À l’arrivée, treize titres ont été retenus pour constituer Rhapsodic.

Décédé en 2017, Charles Duvelle a pu entendre une partie des morceaux en cours de conception, mais il n’aura hélas pas pu découvrir le résultat final, superbe kaléidoscope musical dans lequel se (ré)percutent des sons venus de partout, d’origine volontairement incontrôlable. Se détache notamment l’épatante triplette « Electro-sapiens », « Austral Rêverie » et « Space Mobylette ». Dans chaque composition cohabitent en parfaite harmonie des éléments a priori très distants (et distincts) les uns des autres. L’ensemble forme un rêve de musique apatride.

Rhapsodic,Nicolas Repac, No Format!, nicolasrepac.com

Musique
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