L’écologie et la culture sont les alliées de la diversité humaine
En réponse à une tribune d’artistes publiée dans Le Journal du dimanche, des candidat·es écologistes aux élections régionales appellent à ne pas confondre écologie et greenwashing.
L a diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire que l’est la biodiversité dans l’ordre du vivant. » Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle
L’écologie a bon dos ! Lorsqu’elle ne sert pas d’épouvantail commode, « péril vert » venant remplacer le « rouge » dans l’imaginaire suranné des partisans du vieux monde et du statu quo, elle sert de nouvelle excuse à toutes les mesures prises par les multinationales et leurs vassaux pour justifier leurs prébendes. Prise entre le marteau du péril idéologique et l’enclume du capitalisme de la destruction, les partisans de l’écologie se retrouvent de plus en plus sur le banc des accusés. Ce alors qu’ils défendent ce qui devrait pourtant faire largement consensus, la possibilité même de pouvoir continuer à vivre dignement sur terre, vivants sur une planète vivante.
Dimanche 31 mai, plus de 1600 artistes de renom ont publié un appel dans Le Journal du dimanche appelant à ne pas opposer écologie et culture. Ces derniers prennent position concernant une proposition de loi censée réduire l’empreinte environnementale du numérique. Ces artistes ont raison de s’inquiéter. Elles et ils doivent néanmoins savoir que ce qu’ils dénoncent à raison n’est pas de l’écologie mais du _greenwashing_.
Ce texte est porté par la majorité présidentielle et prévoit notamment d’exonérer les produits reconditionnés de la redevance sur la copie privée. Un mécanisme pourtant essentiel à la rémunération des auteurs en France et en Europe. Des auteurs, autrices et artistes déjà très largement impacté.es par le tsunami numérique les périodes de confinement et la fermeture des établissements et dont la majorité est extrêmement précaire
Il est utile à cet égard de relire le texte de André Gorz, Leur écologie et la nôtre. Les grands acteurs de la finance, de l’industrie, du big business, aidés par leurs principaux relais au sein de nos institutions, ne vont avoir de cesse dans les années qui viennent de surfer sur la défense de l’environnement pour continuer à détricoter les différentes contributions collectives afin de continuer à prendre des positions monopolistiques sur les marchés.
À des années lumières de cette conception, l’écologie, la vraie, est celle qui fait tout pour préserver la diversité culturelle comme elle le fait pour la biodiversité.
Face aux géants du numérique, aux GAFAM et à leurs sous-traitants, comme les nouveaux grands acteurs économiques des produits reconditionnés tels Back Market, nous défendons l’ensemble des acteurs de la culture, en particulier les plus fragiles. À cet égard, tous les mécanismes redistributifs contribuant à faire de la culture un bien commun préservé des aléas du marché sont utiles et nécessaires.
Et même le débat doit être élargi face à la précarisation galopante des auteurs et des artistes. Il est temps de reconsidérer le statut des auteurs et des artistes, il est temps de considérer et rémunérer leur travail dignement.
Que reste-t-il d’une civilisation lorsqu’elle disparaît, si ce ne sont ses livres, ses peintures, sa musique, ses œuvres culturelles ? La culture n’a pas à se ranger derrière les dogmes de l’économie mais à dompter ceux-ci : elle n’est pas un supplément d’âme, elle est notre âme. Le processus créatif inhérent à l’Art avec un grand A est une des caractéristiques essentielles de l’espèce humaine, des peintures de Lascaux jusqu’à l’art digital. Il ne se case pas, ne se comptabilise pas, ne s’excelise pas. Il EST, et pour être préservé, doit simplement se voir garantir son indépendance et sa liberté. Tel est le rôle du politique vis-à-vis de la culture, un gardien de son épanouissement le plus fertile possible.
En ces temps troublés où nous devons tracer un nouveau chemin pour l’humanité nous avons plus que jamais besoin de la contribution des auteurs et des artistes pour ouvrir les perspectives de nouveaux imaginaires. L’écologie et la culture ne s’opposent pas, elles s’allient pour préserver la biodiversité humaine.
SIGNATAIRES :
Fabienne Grébert, candidate écologiste à la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes; Pascale Bonniel-Chalier, tête de liste des écologistes pour la Métropole de Lyon; Benjamin Joyeux, 2e de la liste des écologistes pour les régionales en Haute Savoie; Alexandra Cusey, 3e de liste des écologistes pour les régionales en Savoie; Stéphanie Modde, tête de liste des écologistes en Bourgogne Franche Comté; Charles Fournier, tête de liste un Nouveau Souffle en Centre-Val de Loire; Antoine Maurice, tête de liste des écologistes en Occitanie.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don