Festival Détours du monde : Du beau monde !

Ouvert à tous les genres et toutes les latitudes, le festival Détours du monde présente en Lozère sa 18e édition, placée sous le signe de la perception.

Jérôme Provençal  • 21 juillet 2021 abonné·es
Festival Détours du monde : Du beau monde !
© Lionel Orriols

Département le moins peuplé de France, la Lozère a cependant ses richesses. Apparu en 2003 dans le paysage musical hexagonal, à l’initiative conjointe de deux associations locales (Ça s’ouïe, Tours et Détours), le festival Détours du monde gravite dans ce département, avec le village de Chanac comme fief central. Il y accueille des musiques de toutes latitudes. L’universalisme, la valorisation de la diversité culturelle, l’échange et la rencontre de l’autre en constituent les grands axes directeurs.

Détours du monde, du 17 au 31 juillet, à Chanac et ­ailleurs en Lozère, detoursdumonde.org
« Nous avons créé Détours du monde pour amener d’autres cultures dans le département, explique Fabien Moutet, membre fondateur et directeur artistique depuis 2017. L’appellation “musiques du monde” n’est pas un genre en soi, elle englobe de multiples esthétiques. Le festival s’attache précisément à présenter des artistes qui reflètent toute la richesse musicale de notre planète. » Malgré la pandémie de covid-19, l’édition 2020 a pu se dérouler dans le respect de mesures sanitaires strictes, grâce à la relative accalmie de l’été et – surtout – à la totale détermination de l’équipe organisatrice.

« Dès le début du premier confinement, en mars 2020, nous avons décidé de faire exister le festival sous une forme ou une autre, y compris en ligne si nécessaire, affirme Fabien Moutet. Nous avons voulu nous lancer ce défi plutôt que d’attendre et de subir la crise sanitaire. De notre part, il s’agissait aussi d’une forme de résistance. Le repli sur soi est l’une des principales conséquences de cette crise sanitaire et c’est l’exact opposé de ce que le festival défend.»

Dans un contexte sanitaire encore incertain mais plus favorable que l’an dernier, l’édition 2021 s’annonce un peu plus détendue. Après les annonces faites par Emmanuel Macron le 12 juillet, le pass sanitaire s’impose pour les personnes majeures. Une tente tenue par la Croix-Rouge est installée à l’entrée du site principal du festival pour permettre de réaliser des tests sur place. Le public va pouvoir assister aux concerts debout, le port du masque protecteur restant de rigueur. « Notre objectif n’est pas de remplir des jauges ni de faire du bénéfice, précise Fabien Moutet. Nous voulons avant tout redonner un espace de rencontre à toutes les personnes qui ont envie de vivre ce festival et de se retrouver. Je crois que nous en avons tous besoin.»

Durant deux jours (les 23 et 24 juillet), Chanac va ainsi de nouveau vibrer sous l’influence de musiques très bigarrées. En tête d’affiche se distingue le digne héritier de Joao Gilberto, le Brésilien Lucas Santtana, dont le (superbe) dernier album en date – O Céu É Velho Há Muito Tempo – fait écho, tout en colère sourde, aux remous sociaux et politiques subis par le Brésil depuis l’élection de l’épouvantable Bolsonaro. Parmi les autres artistes figurent Sages comme des sauvages, quatuor hybride et fantasque, Orange Blossom, groupe apôtre d’une électro transfrontalière, et Kolinga, formation à la musique métissée d’une grande ferveur – particulièrement en live.

Aux concerts du soir s’ajoutent en journée des balades musicales et des parcours artistiques dans des jardins ou d’autres espaces naturels de Chanac. Comme à l’accoutumée, le festival invite en outre à la stimulation des neurones via Détours Réflexion, un ensemble de propositions (ateliers, projections-débats, conférences, lectures poétiques, émissions de radio…) embrassant une thématique spécifique. Cette année, la thématique choisie est : « percevoir ».

« Le but est d’amener les personnes à questionner ce qu’elles vont voir durant le festival et, plus généralement, à réfléchir à la manière dont elles perçoivent les choses, développe Fabien Moutet. Nous ne cherchons pas du tout à imposer une façon de voir ou de penser. Au contraire, nous aspirons à nourrir la réflexion et à engager le débat. »

En amont et en aval du temps fort du festival sont proposés des « concerts en transhumance » à travers la Lozère, par exemple avec l’ensemble Irini, trio vocal féminin au répertoire aussi large que prospectif (Marchastel, 28 juillet).

Musique
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