Le naufrage moral de Mahmoud Abbas

Le président de l’Autorité palestinienne, par sa complicité avec l’occupant israélien, est pris dans un fol engrenage pour conserver son pouvoir.

Denis Sieffert  • 6 juillet 2021
Partager :
Le naufrage moral de Mahmoud Abbas
© Photo : Alex Brandon / POOL / AFP

L a vieillesse est un naufrage. » Le mot célèbre de De Gaulle visant Pétain, le chef de l’État collaborationniste, tout en épargnant le « vainqueur de Verdun », s’appliquerait bien, hélas, à Mahmoud Abbas. Celui qui fut le compagnon d’Arafat est aujourd’hui, à 86 ans, un président de l’Autorité palestinienne naufragé par l’âge, sans doute, mais surtout par sa complicité avec l’occupant israélien. Le voilà pris dans le fol engrenage du bureaucrate qui veut à tout prix conserver son pouvoir.

Le 24 juin, l’opposant Nizar Banat a péri sous les coups des forces de sécurité palestiniennes. Deux jours plus tard, la manifestation de protestation a été sévèrement réprimée dans les rues de Ramallah, y compris par des miliciens en civil. Tous les attributs d’un régime autoritaire pour un État qui n’existe pas. C’est la conséquence d’une soumission de plus en plus grande à l’occupation israélienne.

L’annulation des élections prévues en avril a provoqué une énorme déception dans une population qui les attendait depuis quinze ans. Ensuite, le silence de l’Autorité alors que la jeunesse palestinienne manifestait contre la colonisation à Jérusalem-Est, et plus encore en mai, lorsque les bombes israéliennes s’abattaient sur Gaza, a achevé de discréditer Abbas aux yeux de la population. Pire, Abbas a fait exclure du Fatah Marwan Barghouti, prisonnier dans les geôles israéliennes, et figure populaire de la résistance, parce qu’il avait constitué une liste d’opposants à une élection qui n’a donc pas eu lieu. Au fond, la dégénérescence de l’Autorité palestinienne s’inscrit comme une fatalité pour une instance issue d’accords d’Oslo qui ont échoué, et créée comme la promesse au moins tacite d’un État qui n’est jamais venu.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre
Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains
Reportage 26 novembre 2025 abonné·es

Orpaillage : le mercure, un poison pour la terre et les humains

En fin de processus d’extraction, les orpailleurs illégaux utilisent de grandes quantités de mercure pour séparer la terre de l’or. Hautement toxique, ce métal lourd contamine non seulement l’environnement mais aussi les peuples du fleuve Maroni.
Par Tristan Dereuddre
« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »
Entretien 26 novembre 2025 abonné·es

« On ne pourra pas vaincre l’orpaillage illégal seulement par la répression »

Joël Sollier, procureur général de la République en Guyane, décrit l’organisation des réseaux d’orpaillage illégal sur le Haut-Maroni et les moyens à déployer pour une lutte efficace.
Par Tristan Dereuddre
Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan
Portrait 24 novembre 2025 abonné·es

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan

Enfant d’El-Fasher, ville du Soudan aujourd’hui ravagée par les massacres, le trentenaire vit à distance la perte de son frère, le drame de sa famille et de son peuple. Depuis la France, il s’efforce de faire entendre une tragédie ignorée.
Par Kamélia Ouaïssa