Trans Kabar : Brûlant métissage

Au confluent du maloya, du rock et du jazz, le quatuor Trans Kabar publie un deuxième album intense.

Jérôme Provençal  • 8 septembre 2021 abonné·es
Trans Kabar : Brûlant métissage
© N'Krumah Lawson Daku

Si Trans Kabar s’est formé en région parisienne, durant l’automne 2017, le groupe plonge ses racines outre-mer, dans les eaux profondes du maloya. Évoquant un style de blues plus rythmé, cette musique emblématique de La Réunion, chantée en créole, a été interdite par les autorités françaises à la fin des années 1950. Elle a néanmoins continué de se pratiquer et de se transmettre clandestinement, via en particulier les « servis kabaré », des rituels festifs très populaires qui mêlent invocation des esprits, danse et musique. Trans Kabar – dont le nom fait référence à ces fameux rituels et suggère par ailleurs l’idée de transversalité – s’approprie le maloya avec autant de vigueur que d’audace, le confrontant à d’autres univers sonores pour mieux le régénérer.

À l’initiative du projet se trouvent Jean-Didier Hoareau et Stéphane Hoareau, tous deux d’origine réunionnaise mais sans lien de parenté. Neveu de Danyèl Waro (l’un des hérauts modernes du maloya), le premier chante et joue du kayamb, instrument de percussion typique des musiques de La Réunion. Fan de rock, le second joue de la guitare électrique et réalise les arrangements. Se joignent à eux deux musiciens franciliens, le contrebassiste Théo Girard et le batteur Ianik Tallet, venus plutôt de la sphère des musiques improvisées.

Découvert avec le très bon Maligasé, le quatuor – qui s’est affermi au gré de nombreux concerts – se révèle encore plus éclatant sur son deuxième album, Mazine la mor, enregistré dans les conditions du live (cela saute vite aux oreilles). Alternant reprises et compositions originales, il contient onze fiévreuses chansons métissées dont la voix ardente de Jean-Didier Hoareau accroît encore l’intensité. Attisé par une puissante dynamique de groupe, l’ensemble brûle d’un feu irrésistible.

Mazine la mor, Discobole Records/Modulor, transkabar.bandcamp.com

En concert le 21 octobre au Petit Bain, Paris XIIIe.

Musique
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