À gauche, le socle existe pour un candidat unique

Héla Saidi et Stéphane Fouéré, qui ne veulent ni haine ni poudre de perlimpinpin, estiment possible un projet unique de gauche pour une France humaniste et une république sociale, démocratique et écologique.

Héla Saidi  et  Stéphane Fouéré  • 16 décembre 2021
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À gauche, le socle existe pour un candidat unique
© Photo : Ludovic MARIN / AFP

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à être déçus par le mandat de notre président de la République, Emmanuel Macron. Depuis maintenant cinq ans, nous nous sommes habitués au « En même temps », sa marque de fabrique qui a amené le pays à faire du « sur place » et explique l’impasse économique, sociale et écologique dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

Héla Saidi est présidente de France démocrate

Stéphane Fouéré est militant de la Gauche républicaine et socialiste.

Un pays figé qui a peur du lendemain, des classes populaires en situation d’insécurité sociale permanente. Peu concerné par les véritables problèmes des Français, le président Macron préfère s’éloigner encore plus de leurs préoccupations en acceptant récemment la présidence de l’Europe.

Les Français n’arrivent toujours pas à vivre de leur travail et les nouvelles protections sociales promises se sont soldées par une plus grande stigmatisation des chômeurs. Démuni face à cette question, le Président Macron use et abuse alors de petites phrases piquantes, notamment lorsqu’il conseille de traverser la rue pour trouver du travail.

Les candidats de droite ont, eux aussi, trouvé leur diversion : la peur et la stigmatisation de l’autre, la division des Français entre eux. Sont mises alors en avant deux propositions : siphonner les aides sociales des étrangers et proposer une immigration « zéro ». Qui peut croire que ces mesures constituent des solutions pour relancer l’économie française ? Pour autant, les candidats persistent et signent. Se revendiquant comme de fervents défenseurs de nos valeurs républicaines, déroger à l’une d’elles, l’Égalité, ne semble cependant pas gêner ces candidats en mal de projet !

Pourtant le « Travail pour tous » est bien au centre des préoccupations des Français et mérite des propositions sérieuses avec une mise en pratique immédiate. Encore une fois, l’instauration d’une « vraie politique de l’emploi » figure uniquement dans les programmes des candidats de gauche. Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel proposent de baisser l’âge légal de départ à la retraite à taux plein à 60 ans, pour permettre aux ainés de profiter de leur retraite en bonne santé et aux plus jeunes d’accéder plus facilement au marché du travail. Pour améliorer les conditions de travail des salariés et permettre aux entreprises d’avoir des salariés motivés et en meilleure santé, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon proposent tous deux de réduire le temps de travail. Enfin, pour réduire les inégalités sociales en améliorant le pouvoir d’achat des travailleurs les plus modestes, figurent l’augmentation du SMIC et l’instauration d’un salaire « maximum » autorisé.

Éradiquer le chômage et la pauvreté, et lutter contre le mal-logement et la précarité énergétique constituent une priorité pour les candidats de gauche. On peut ainsi citer la création d’un revenu citoyen fusionnant le RSA et la prime d’activité, le blocage des prix des produits essentiels, la généralisation de l’encadrement des loyers dans les zones « tendues », ou encore l’investissement prioritaire dans les logements sociaux et la rénovation.

Il est important de noter que seules les propositions portées par la gauche sont véritablement en faveur d’une justice sociale. Pour financer ces mesures sociales ambitieuses, Fabien Roussel propose ainsi de taxer les foyers les plus aisés et les entreprises qui ont « profité de la crise » provoquée par la Covid 19.

De la poudre perlimpinpin, Le Président Macron nous l’avait promis, nous en avons été servis et ce même pendant la pandémie. Pourquoi ? Tout simplement pour tenter de cacher maladroitement le délabrement dans lequel se trouve notre système de santé ! Avec un service public hospitalier mis à terre. Cette pandémie de la COVID 19 a certes conduit le gouvernement à opter pour une gestion court-termiste destinée essentiellement à répondre à l’urgence du moment. Le « En même temps » a donc démontré son incroyable efficacité à bâtir des digues tellement fragiles que chaque vague est vécue comme un drame, lassant chaque jour un peu plus les citoyens.

Cette politique de l’urgence ne peut excuser la prise en otage qui s’en est suivie. Les Français se sont retrouvés ballotés entre mensonges et cafouillages sans jamais qu’aucune leçon ne soit tirée des vagues successives. Depuis le début de cette pandémie, nous vivons dans « la peur du lendemain ». Une peur qui a rendu possible tous types de restrictions alors même qu’elles n’ont fait que grignoter chaque jour notre chère Liberté !

La pandémie aura eu tout de même le mérite de révéler au grand jour les limites de notre système de santé tout en soulignant notre dépendance industrielle et économique aux pays étrangers. Cette pandémie a aussi révélé les conséquences d’un manque d’investissement dans la recherche et les secteurs privé-public puisque notre pays n’a pas été capable de fabriquer un vaccin, un traitement ni même un test diagnostic. Nous ne parlerons pas des masques « made in France » ! À tout cela, s’ajoutent des dysfonctionnements dans la gestion de cette crise par les agences nationales et les « cellules de crise » censées gérer les situations d’atteinte à la sûreté nationale.

Aujourd’hui, ni le gouvernement actuel ni les candidats de droite n’ont tiré des leçons de la crise de la Covid 19. Arnaud Montebourg a été le premier à proposer que « la réindustrialisation » du pays soit considérée comme la « première grande cause nationale ». Il s’agit bien ici de relocaliser les productions essentielles. Parmi les propositions les plus importantes figurent une réforme drastique de notre système de santé et de recherche. Pour cela, il est question de mettre fin à une gestion purement administrative et comptable de l’hôpital, d’améliorer les conditions de travail de nos soignants, de stopper la « fuite des cerveaux » dans la recherche tout en favorisant les partenariats des secteurs privé-public de la santé. Yannick Jadot et Anne Hidalgo vont même plus loin en insistant pour l’un sur la réduction des maladies liées à l’environnement et pour l’autre de faire des maladies mentales « l’une des plus grandes causes » du quinquennat. Anne Hidalgo a aussi rappelé la nécessité d’instaurer un droit à mourir dans la dignité.

Dans notre France d’aujourd’hui, la santé n’est malheureusement pas le seul système à bout de souffle. La justice est un autre système en souffrance. C’est ce qui a conduit le gouvernement à lancer en juin 2021, les états généraux de la Justice, révélateur de l’échec du quinquennat à répondre au malaise existentiel des magistrats et au sentiment de nombre de justiciables que l’institution leur est inaccessible. Cela explique pourquoi donner plus de moyens à la justice constitue une priorité commune figurant dans le programme de tous les candidats de gauche. Pour lutter contre la délinquance, Anne Hidalgo et Fabien Roussel prônent par exemple, le déploiement conséquent de la police de proximité. Contre l’islamisme radical, Yannick Jadot veut notamment « faire le ménage dans les associations » religieuses qui « se cachent parfois sous la complicité des maires ». Il propose notamment de contrôler « les financements étrangers grâce à une fondation transparente et arrêter notre complaisance vis-à-vis de l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe qui exportent une vision contraire à la République ».

Un autre thème, et non des moindres, qui a fait du « sur place » par cette politique du « En même temps » est l’écologie. Aujourd’hui, le dérèglement climatique ne peut être nié et implique des mesures fortes et immédiates.

Le changement c’est maintenant et pour longtemps !

Pour cela, les mesures de gauche se veulent pragmatiques et s’inscrivent sur le long-terme lorsque par exemple Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent une sortie progressive et responsable du nucléaire, en privilégiant les investissements économiques dans les énergies renouvelables, ou lorsque Arnaud Montebourg et Fabien Roussel veulent développer le mixte énergétique. Yannick Jadot et Anne Hidalgo prônent l’instauration d’un ISF climatique qui « pèsera sur les ménages aisés dont le patrimoine émet le plus de carbone »

Dans les thèmes forts de société, il est intéressant de noter que de nombreuses propositions concernent nos enfants. La transmission de nos valeurs, leur protection contre tous types de violences et leur garantir un emploi à la sortie de l’école sont une priorité dans les programmes de gauche. Anne Hidalgo propose d’ouvrir le droit de vote à 16 ans. Quand Yannick Jadot souhaite une grande réflexion sur l’école autour de la formation, des salaires des professeurs et des moyens, en milieux urbain comme rural, Jean-Luc Mélenchon propose la mise en place d’une allocation d’autonomie de 1 000 euros par mois pour les étudiants de l’enseignement supérieur ou professionnel détachés du foyer fiscal de leurs parents. Fabien Roussel souhaite instaurer un « droit universel au travail », avec comme objectif de garantir « un emploi, un salaire et une formation à chaque jeune dès 2023 ».

Pour changer la vie des Français, la comparaison des programmes de gauche et de droite montre que seules les propositions formulées par la gauche rendent possible une relance économique dans un esprit de reconquête sociale, écologique et démocratique.

Pourquoi ? Tout simplement parce que ces propositions résultent à la fois de la proximité des élus de gauche des citoyens, d’expériences territoriales réussies, mais aussi des leçons tirées des revendications des mouvements sociaux de ces dernières années (Gilets jaunes, jeunes pour le climat, luttes sociales, féministes, antiracisme, syndicats…).

Aujourd’hui, nous sommes persuadés que ces propositions peuvent être rassemblées dans un socle commun. Et c’est parce que nous sommes convaincus que ce programme est celui qu’il faut à la France que nous appelons de toutes nos forces la gauche à choisir un candidat unique !

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