L’appel au secours des élèves infirmiers
Depuis 2020, une génération de 90 000 étudiants, surnommée la « promotion covid », a vu sa formation sacrifiée. En stage, ils ont côtoyé la détresse des soignants et souvent subi la maltraitance.
dans l’hebdo N° 1703 Acheter ce numéro

T u vas au coin. » Le stagiaire, un homme de 30 ans, obéit. Pendant un quart d’heure, il reste debout face au mur, sous les yeux des membres de l’équipe soignante qui passent sans rien dire. Cette expérience d’humiliation n’est pas isolée, comme en témoignent les nombreuses confidences d’élèves infirmiers que nous avons recueillies. Elles révèlent une souffrance lors des stages qui émaillent leur parcours. L’enseignement dans un institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) en France dure trois ans, au cours desquels les étudiants doivent effectuer six stages, traversant au moins une fois chaque type de structure : les lieux de vie, notamment les Ehpad, les soins de longue durée, comprenant les soins de suite et de réadaptation (SSR), les soins en santé mentale, et les services hospitaliers de médecine et chirurgie.
La première condition d’un stage réussi réside dans l’accord du soignant d’endosser le rôle de tuteur. Or, sans formation, et sans même pouvoir refuser cette mission, le temps et l’envie manquent souvent aux infirmiers. « L’infirmière ne voulait pas que je fasse de soins. Elle me mettait une pression affreuse, au point que je me cachais dans les toilettes », rapporte Ophélie_, en stage dans un service de SSR._ « Il n’y a pas eu un seul moment où quelqu’un a pris le temps de m’expliquer comment procéder »_, se rappelle Nina_. « Débrouille-toi » est une réponse récurrente aux questions des stagiaires, si bien qu’ils n’osent plus en poser. Ils passent alors des semaines à tâtonner dans leur pratique, sans retours de la part des équipes, avant de tomber
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