Avignon in : « One Song », une boucle musclée

Miet Warlop raconte de façon singulière sa propre histoire artistique.

Anaïs Heluin  • 20 juillet 2022 abonné·es
Avignon in : « One Song », une boucle musclée
© Christophe Raynaud de Lage

Réputée dans le monde et souvent programmée en France, l’artiste belge Miet Warlop déploie depuis sa première création, Sportband/Afgetrainde Klanken (2005),un univers plein de motifs récurrents qui s’agencent dans chaque pièce d’une manière différente. Des musiciens y courent souvent jusqu’à la chute. Des sportifs y jouent sans peur des fausses notes, à fond. Et si tout ce monde à bout de souffle parle parfois, ce n’est pas pour tenir un discours intelligible, mais pour délivrer des bribes de textes tirés tantôt d’une autre œuvre, tantôt de l’imaginaire de l’auteure.

One Song, le 21 septembre au festival Actoral à Marseille, les 28 et 29 septembre au Tandem à Arras, du 4 au 7 octobre au NTGent à Gand (Belgique)…

À Avignon, le spectacle est classé dans une catégorie qui n’en est pas vraiment une : « Indiscipline ». Dix-sept ans après Sportband, qu’elle présente comme un requiem pour son frère, Miet Warlop fait de One Song une sorte de palimpseste de cette première création. Le rituel est cette fois tout sauf macabre : dans un décor de club de sport, neuf interprètes se livrent à une célébration de la scène qui sidère autant qu’elle réjouit.

Au sujet des deux premiers spectacles du Festival, l’Iphigénie d’Anne Théron et Le Moine noir de Kirill Serebrennikov, nous parlions dans ces pages de critique de la répétition de l’histoire. Ici, la redite exalte les sens. Une seule chanson, composée pour l’occasion par Maarten Van Cauwenberghe, est répétée par un groupe de cinq musiciens qui pratiquent leur art d’une manière très musclée. Le chanteur court sur un tapis roulant, la violoniste marche sur une poutre de gym, tandis que leurs supporters les encouragent ou les huent, et qu’un pom-pom boy s’agite sans que personne y prête attention.

Si la chute est au bout de la chanson, elle ne dit pas l’échec mais la réussite de Miet Warlop : par le travail des corps et des sons, elle nous donne à comprendre sa mécanique circulaire, qui met à l’honneur la beauté et la complexité du collectif.

Théâtre
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