Mélenchon et Dolez ne jouent plus

Michel Soudais  • 7 novembre 2008
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Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez quittent le parti socialiste. Le sénateur de l’Essonne et le député du Nord ont annoncé leur décision dans un communiqué de presse envoyé à 9h20, ce matin. Ils tiendront une conférence de presse à l’Assemblée nationale, cet après-midi à 14h30.

<img2718|center>Leur analyse du vote des militants du PS rompt avec les analyses du vote mi-chèvre mi-chou qui ont suivi l’annonce des résultats. Le «résultat est sans ambiguité» , constatent-ils en : «Les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec.» Ils ne voient comment «le score respectable de la gauche du parti» pourrait y changer quelque chose et refusent donc de «se renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques» . D’où cette sortie du jeu.

Sans attendre, ils annoncent leur décision de poursuivre leur combat devant les électeurs. Décidés à engager «avec tous ceux qui partagent [leurs] orientations la construction d’un nouveau parti de gauche» sans concession face à la droite, ils appellent «à la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes» .

L’annonce subite de ces deux démissions a fait l’effet d’un bombe dans l’aile gauche du parti. Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez étaient les premiers signataires de deux des sept contributions rassemblées dans la motion «Un monde d’avance» , conduite par Benoît Hamon. Chacun était à la tête d’une sensibilité au sein du PS. Trait d’union, celle de M. Mélenchon, comptait cinq membres au bureau national, plus de vingt membres dans les instances nationales, trente maires et une centaine de secrétaires de section ; sa contribution avait été signée par 1.900 militants. Le sénateur de l’Essonne est aussi président de l’association PRS, Pour la République sociale, qui comptent des militants engagés au PS, dans d’autres partis de gauche ou sans engagement. Numériquement moins important, le réseau Forces militantes s’était engagé, à la suite de la signature de Marc Dolez, dans l’Appel de Politis.

Voici le texte intégral de leur communiqué:

Ça suffit comme ça !

Le résultat du vote au parti socialiste est connu. Les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête. Elles obtiennent 80% des suffrages. Et la motion de Ségolène Royal l’emporte avec sa proposition d’alliance au centre. Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec. Elles avalisent l’Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l’abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n’y change rien malheureusement

Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quelles que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l’orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Non ! Pour nous, ça suffit comme ça !

Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d’une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles. Nous voulons reprendre l’initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy. Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d’action. Nous quittons le Parti socialiste. Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l’écosystème. Nous allons la proposer au suffrage universel. Ainsi que nous l’a montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec Die Linke, nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d’un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes. Nous savons qu’une énergie immense dans notre peuple est disponible pour le changement. Il faut aller de l’avant.

Jean-Luc Mélenchon , sénateur de l’Essonne

Marc Dolez , député du Nord

Temps de lecture : 4 minutes
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