Demandons-Nous Maintenant Ce Que Sont, À L’Aune Des Critères Qu’Ils Ont Eux-Mêmes Définis, Ces Gens Du «Figaro» Qui N’Aiment Pas (Du Tout) Obama

Sébastien Fontenelle  • 9 novembre 2009
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Illustration - Demandons-Nous Maintenant Ce Que Sont, À L'Aune Des Critères Qu'Ils Ont Eux-Mêmes Définis, Ces Gens Du «Figaro» Qui N'Aiment Pas (Du Tout) Obama

Ivan Rioufol (qui est comme tu sais le prédicateur exalté dont Le Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) publie chaque vendredi les prêches ultra-droitiers) a un problème, avec Obama – et, semble-t-il, avec la couleur de la peau du nouveau grand chef yankee.

Ainsi, Rioufol, sur son blog, narrait il y peu avoir «entendu récemment dans un bistrot: «Obama, c’est pas parce qu’il est noir qu’il est forcément mieux»» .

De fait: personne, que l’on sache, n’a dans la vraie vie prétendu qu’Obama était «mieux» parce que «noir».

On a plutôt considéré qu’il était moins nocif que son prédécesseur, et que l’élection aux États-Unis d’un président noir était le signe, disons, d’une certaine ouverture d’esprit: ce n’est pas exactement la même chose, et ça ne veut certainement pas dire, sauf dans l’esprit des philosophes de comptoir auprès de qui Rioufol trouve son inspiration, que les Noirs seraient «mieux» que les Blancs, ou inversement.

Au demeurant: il n’y a guère que les racistes, pour supposer que la couleur de peau, quelle qu’elle soit, garantirait des qualités – ou des supériorités – particulières.

Mais le prêcheur du Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) n’en démord pas: il a vu dans les commentaires qui ont accueilli chez nous l’élection d’Obama, « l’éditorial du Monde allant jusqu’à titrer pour s’en féliciter «America is Black» », un «éloge racial» .

Preuve que, pour ce qui le concerne – comme d’ailleurs pour un autre fameux collaborateur du Figaro de Serge Dassault (de l’UMP), Éric Zemmour, bien sûr -, les Noirs font une race .

Fort de cette assertion, qu’il fonde sur la définition que donne le « Nouveau Petit Robert 2010» du métissage – « le croisement, le mélange de races différentes» – Rioufol profère que, «non, Obama le métis n’est effectivement pas meilleur qu’un autre» , et qu’ «il serait même moins bon, si l’on en juge par son premier bilan mitigé» .

(Je n’ai pas le souvenir que Rioufol ait, une seule fois, sondé l’ascendance de «nos» Versaillai(se)s de régime, avant de les flatter – ou (moins souvent) de les admonester, quand ils se montrent à son goût trop lents à réformer : je suppose, par conséquent, que la mention qu’Obama est un «métis» , précédant celle qu’il est un peu léger au poste qui est le sien, obéit sous la plume du sermonneur du Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) à quelque chose de précis – mais quoi?)

Naturellement: si nous regardons un peu attentivement les cotes de popularité respectives de Barack Obama – qui est noir -, d’une part, et du (petit) chef de l’État français – qui ne l’est pas -, d’autre part: nous allons immédiatement nous apercevoir que le «premier bilan» de l’homme (blanc) qui prétend régner sur nos vies est beeeeeaucoup plus «mitigé» , que celui du nouveau President of The United States of America – et si «mitigé» , même, qu’une grosse majorité de Françai(se)s donne très fort l’impression de ne plus – du tout – l’encadrer.

Pour autant: jamais Ivan Rioufol, qui reçoit tous les mois son émolument d’un avionneur de l’UMP, qui est également le parti de l’impopulaire chef de l’État français (vois si le monde est petit, lui aussi), n’écrira que le «bilan» d’icelui, à mi-règne, est «mitigé» : le gars est certes courageux (du moins aime-t-il à le croire, lorsqu’il se présente sans rire en héros de la résistance au «bien-pensisme» , mais pas téméraire – faut quand même pas exagérer.

Dans la réalité, de surcroît, et en fait de «premier bilan mitigé» : Obama, durant que Nini Talonnettes se mange le ras-le-bol de ses propres partisans, peut tout de même se prévaloir – excusez du peu – d’un premier succès, ce week-end, dans sa longue (et difficultueuse) marche vers l’instauration, aux États-Unis, d’un système de santé moins radicalement dégueulasse que celui qui jusqu’à présent prévalait – et qui est justement le modèle, dûment dur aux gueux, vers quoi nous emmène, d’un pas décidé, la clique des Versaillai(se)s koziques.

Ivan Rioufol, donc, s’affranchit tranquillement des nuances du réel pour mieux se consacrer à sa mission, qui est de fustiger, un peu obsessivement, comme fait aussi, régulièrement, un autre collaborateur du
Figaro de Serge Dassault (de l’UMP) dont le nom est (Alexandre) Adler, ce que ces deux phares de l’éditocratie droitière nomment «l’obamania» .

Illustration - Demandons-Nous Maintenant Ce Que Sont, À L'Aune Des Critères Qu'Ils Ont Eux-Mêmes Définis, Ces Gens Du «Figaro» Qui N'Aiment Pas (Du Tout) Obama

Or – et c’est à cela que je voulais en arriver -, il t’en souvient sans doute: ces mêmes burlesques mecs, flanqués d’une poignée d’autres clercs de compétition, type Philippe Bruckner et Pascal Val (à moins que ce ne soit l’inverse), liste non exhaustive, viennent quand même de passer de looooo-ooooo-ooooongues années à hurler, suivant le procédé qui avait servi aussi à dissuader toute protestation contre la politique coloniale du gouvernement israélien, que toute critique de l’administration Bush relevait d’un «antiaméricanisme» rabique, et – pourquoi se gêner – que cette «pathologie» (Pascal Bruckner dixit ) antiaméricaine était à son tour un «antisémitisme» .

Alexandre Adler, par exemple, déclara posément que « l’antiaméricanisme français» était «une version politiquement correcte de l’antisémitisme » .

De sorte que nous devons, je le crois, nous interroger aujourd’hui, à l’aune des critères précis que ces gros penseurs ont eux-mêmes définis (par une méthode toute stalinienne): si la critique de l’administration américaine était hier un «antiaméricanisme» doublé d’un «antisémitisme», que sont, exactement, les fins analystes qui n’en finissent plus, désormais, de critiquer l’administration américaine?

Merci d’envoyer ta réponse au Figaro de Serge Dassault (de l’UMP).

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