Et si Macron… (2)

… n’était pas celui qu’on croyait ?

Bernard Langlois  • 1 septembre 2016
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Et si Macron… (2)
Photo: Michel Soudais

Nous sommes donc partis ici de l’hypothèse (hasardeuse) d’un contresens général du microcosme politico-médiatique sur la façon d’appréhender le phénomène Macron : son départ du gouvernement et sa probable candidature à la présidentielle, interprétés partout comme une trahison de Hollande.

Et si c’était tout le contraire ? Une ultime manœuvre du gros malin de l’Elysée pour triompher de ses rivaux et en reprendre pour cinq ans sur le trône de la République ? Macron toujours fidèle, malgré les apparences, à l’homme qui l’a lancé en politique et disposé à le servir jusqu’au bout ?

Certes, Emmanuel Macron roule d’abord pour lui, comme tous les squales politiques de bon niveau. Pas douteux qu’il se sent un destin présidentiel.

Mais sauf à imaginer un bien improbable tsunami électoral sur son nom et sa seule bonne mine (il n’est pas assez imbu de lui-même et moins encore idiot pour y croire), il ne sera pas élu en 2017. Son objectif sera d’atteindre un score à deux chiffres, ce qui sera déjà très bien. Muni de ce capital, il investira sur le coup suivant et préparera le vrai duel qui l’attend dans cinq ans, contre Valls.

Examinons maintenant le reste du tableau.

D’abord, dans ce qu’on persiste à appeler « la gauche », et qui l’est si peu.

Cambadélis a concocté, avec ce que j’appelle sa « primaire comique », un vrai piège à cons destiné à faire réélire un président de la République dont la seule participation obligée à cette éliminatoire dit assez la faiblesse.

Plus seront nombreux les concurrents —ils sont déjà pléthore— à venir se coller les pattes sur ce que Mélenchon appelle avec drôlerie « un papier tue-mouches », plus Hollande a des chances d’arriver en tête, grâce à sa situation prééminente (quand même) et aux moyens qu’elle lui fournit pour battre la campagne en usant sans vergogne de ses prérogatives institutionnelles : qui ira lui contester le droit de se rendre, en bon père de la Nation, partout où il y a des écrouelles à toucher ? Et même si on lui conteste, qui l’en empêchera ?

Donc : même malmené par la meute de ses concurrents, même d’un cheveu, Hollande gagne la primaire rigolote. Tous les autres, puisque c’est la règle du jeu, viennent s’incliner devant lui et mettre leur épée à son service. Voilà pour les Solfériniens et épigones vaguement verdâtres.

Plus sympa (à mes yeux), Jean-Luc Mélenchon.

Lui, a su s’extraire du piège des primaires et mène la bataille en direct, avec la pugnacité qu’on lui connaît. Le PCF finira-t-il par le rejoindre ? C’est encore une inconnue de poids, mais on peut espérer que la ligne Buffet l’emportera sur les atermoiements de Laurent (importance, à cet égard, de la prochaine Fête de L’Huma). Méluche, lui aussi, vise un score à deux chiffres, en espérant même faire mieux que Hollande : les sondages, pour l’heure, ne jugent pas ça impossible…

Pour mémoire : on mentionnera encore, pour ce camp dit de la gauche, les autres engagés (ou qui voudraient bien l’être) de ce grand Prix du Président de la République : de Duflot à Poutou en passant par Arthaud. Des candidatures « de témoignage », qui ont certes bien le droit de concourir, mais n’influeront qu’à la marge.

Et Macron dans tout ça ? Un peu de patience, on va y venir.

(A suivre.)

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