Israël/Palestine : la guerre de l’eau

Laurence Geai rend compte d’un partage inéquitable entre Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Jean-Claude Renard  • 1 septembre 2016
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Israël/Palestine : la guerre de l’eau
Photos : Laurence Geai

Pas besoin d’armes, ni la fureur des tanks pour faire des victimes. Dans le conflit israélo-palestinien, une tension sourde se joue autour de l’eau. Selon un rapport de la Banque mondiale, rappelle en préambule la photographe Laurence Geai, un Israélien dispose en moyenne de quatre fois plus d’eau qu’un Palestinien. En Cisjordanie, 450 000 colons utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens. Si l’agriculture souffre naturellement de cette pénurie, le quotidien de certains habitants, notamment pour les communautés bédouines est particulièrement contraignant, avec seulement 20 litres d’eau par jour et par personne (quand l’OMS en recommande 100 au minimum). En témoigne cette image stupéfiante : six camions citernes en rade dans un village bédouin de 112 personnes. Leurs puits sont à sec car les Israéliens en ont construit de plus profonds.

Chaque année, poursuit Laurence Geai, l’armée israélienne détruit les puits et les citernes fabriqués sans autorisation par les Palestiniens (or, les autorisations sont rares). Dans certaines régions de la vallée du Jourdain, l’eau est systématiquement déviée pour alimenter les colonies ou Israël. Dans la bande de Gaza, la situation est dramatique : 96% de l’eau est impropre à la consommation, car gorgée de sel et polluée à cause du pompage excessif. Dans l’été 2014, au cours de l’opération « Bordure protectrice », un tiers des infrastructures du réseau d’eau a été détruit ou endommagé.

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Réalisé en 2015, le travail de Laurence Geai vise précisément à rendre compte de cette situation autour de l’eau entre Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie. Ou comment se rafraîchir (dans un vulgaire évier), comment faire sa vaisselle, comment abreuver ses moutons et ses brebis (sinon en payant le mètre cube à un prix prohibitif, trois fois plus cher que les colons), quand d’autres possèdent eau courante et piscine, quand, à quelques kilomètres, au bord de la mer Morte, en Cisjordanie, une exploitation israélienne de 13 000 palmiers bénéficie d’un système de micro-irrigation avec une eau bon marché provenant d’une usine de traitement ? Comment, tout simplement, rincer ses WC, sinon en récupérant l’eau de sa toilette, comment accéder à l’eau potable sans l’aide des ONG, comment pomper l’eau d’un puits quand la pénurie d’électricité empêche la pompe de fonctionner correctement ? Autant d’interrogations sur un quotidien inique.

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