Après le forfait de François Hollande…

Le Président espère par son retrait, logique au regard de son impopularité, sauver le PS. Un pari bien improbable.

Michel Soudais  • 2 décembre 2016
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Après le forfait de François Hollande…
Photo: STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP

La politique obéit rarement à la logique. La décision de François Hollande est, de ce point de vue, assez exceptionnelle. Promis à une défaite certaine, peut-être même dès les quarts de finale organisés par le PS sous le nom de « primaire », le chef de l’État a annoncé jeudi soir dans une allocution prononcée d’une voix larmoyante qu’il renonçait à briguer sa succession à l’Élysée en 2017. Ce forfait signe un formidable constat d’échec. Celui d’un Président élu sur un programme et qui en a appliqué un autre, suscitant une impopularité record et divisant profondément son camp :

Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle.

La logique voudrait que tous les députés qui, depuis 4 ans et demi, ont approuvé toute (ou quasiment toute) sa politique renoncent eux aussi à se représenter. De cela, il est permis de douter.

François Hollande avait promis de faire connaître ses intentions début décembre, avant la date limite pour se porter candidat à la primaire organisée par le PS. Au moins cette promesse-là aura été tenue. Mais personne n’a semble-t-il noté, que le chef de l’État a annoncé son renoncement le jour où, ironie du sort, entrait en vigueur les nouvelles dispositions tant contestée de la loi travail facilitant les licenciements et autorisant désormais les entreprises à licencier pour cause de « réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité ». L’ancien secrétaire national du PS qu’il a été espère-t-il par son sacrifice redonner un peu de compétitivité à la PME Solferino, et la sauver de la faillite ?

Il faudrait alors voir dans cet ultime renoncement d’un quinquennat qui les a multiplié un pari sur la courte mémoire des Français qu’un changement de tête suffirait à effacer. L’hypothèse paraît bien incertaine tant Manuel Valls, le (bientôt) candidat de substitution, est associé au bilan du quinquennat, y compris dans ce qu’il a pu avoir de plus brutal.

Comment oublier aussi qu’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon qui vont désormais se poser en rempart contre le Premier ministre ont activement œuvré pour qu’il remplace Jean-Marc Ayrault à Matignon, contribuant ainsi à le mettre en orbite ?

Comment ignorer que la quasi-totalité des députés PS ont approuvé la non-renégociation du traité budgétaire européen, une loi de séparation bancaire au rabais, le CICE et le pacte de responsabilité, la loi de transposition de l’accord national interprofessionnel, l’augmentation du nombre d’annuités pour une retraite pleine, les lois Macron et El Khomri, l’état d’urgence… ?

La liste est trop longue pour tenir dans le format de ce billet. Trop pour être oubliée demain, ou dans six mois.

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