L’horizon ouvert

Le Festival international du film des droits de l’homme de Paris propose de découvrir une trentaine de reportages et de documentaires.

Christophe Kantcheff  • 29 mars 2007 abonné·es

Le Festival international du film des droits de l’homme de Paris (FIFDH) se montre sobre dans l’exposé de ses motivations. «~Face à une production documentaire qui ne cesse de croître et de s’enrichir , lit-on dans le dossier de presse, le FIFDH présente chaque année un panorama de films choisis pour leur qualité cinématographique et leur capacité à provoquer une réflexion originale chez les spectateurs.~» Il est possible que les organisateurs aient davantage confiance dans la qualité de leur programmation que dans l’emphase du discours. Il faut souligner, en outre, que chaque film est accompagné par son réalisateur~: les échanges ne manqueront donc pas, mais après projection.

Pour sa cinquième édition, qui se déroule jusqu’au 3 avril, le FIFDH a sélectionné une quarantaine de films, de deux genres différents~: la catégorie dossiers et grands reportages, et celle des documentaires de création. Dans chacune des deux catégories, plusieurs thématiques sont abordées, sur tous les continents. L’horizon est ouvert.

La diversité est aussi au rendez-vous en ce qui concerne la qualité, si l’on s’en tient du moins aux documentaires que nous avons visionnés. On évitera Là où le soleil s’éveille , de Grace Phan, véritable hymne à l’actuel président de la République démocratique du Timor oriental, long clip promotionnel un peu sidérant.

Le titre du film de Frank Popper, Can Mister Smith get to Washington anymore ? , rappelle celui de Frank Capra, M. Smith au Sénat . Il raconte un peu la même histoire~: Jeff Smith, 29 ans, se lance dans la primaire démocrate dans l’État du Missouri alors qu’il est un bleu en politique. Son équipe de campagne est composée, comme lui, de jeunes inexpérimentés. En résonance avec notre actualité, ce film est une chronique réjouissante sur ce que peut produire l’absence de cynisme en politique, malgré les limites de la démocratie américaine.

Railroad All-Stars, de Chema Rodriguez, est aussi un film souriant, mais sur une sombre réalité~: la vie des prostituées d’un quartier pauvre de Guatemala City. Pour faire connaître leur réalité et leurs revendications, elles ont créé une équipe de football. Le film est attachant, qui alterne les scènes de la vie quotidienne et les matchs, et met en lumière le courage de ces femmes.

Le plus ambitieux est incontestablement le film du Belge Pierre-Yves Vanderweed, le Cercle des noyés (en salles début mai). Ce titre vient du nom donné aux détenus politiques en Mauritanie, arrêtés en 1986 par le pouvoir en place pour avoir tenté de faire respecter les droits des communautés noires dans ce pays. Sur des images de la Mauritanie d’aujourd’hui, en noir et blanc, une voix off reprend le récit d’un des prisonniers, qui raconte le calvaire qu’a représenté la détention au fort de Oualata. La distance entre ce qui est vu et ce qui est entendu élargit l’imagination du spectateur. Ce qui en fait un film hiératique et terrible.

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