D’une élection l’autre

Michel Soudais  • 17 mai 2007 abonné·es

Nicolas Sarkozy n’avait pas posé ses valises à l’Élysée que déjà les candidats aux législatives déposaient leur dossier de candidature dans les préfectures. La rapidité avec laquelle s’enchaînent les deux scrutins présidentiel et législatif ne laisse aucun répit. Ni pour faire le bilan de la campagne achevée, ni pour corriger une stratégie défaillante. Encore moins pour regrouper des forces éparses.

Dans ce contexte, l’ordre du jour du conseil national du PS, samedi dernier, relevait de la gageure. Les orateurs ont dû trouver leur voie entre un « silence étouffant » et un « débat déchirant » , selon la formule de Jean-Luc Mélenchon. Ils s’en sont plutôt bien acquittés, esquissant des analyses contrastées de la campagne achevée sans trop insister sur les clivages d’un futur congrès. Statutairement prévu à l’automne 2008, celui-ci sera vraisemblablement anticipé et tournera autour d’une question : la France est-elle de droite ? De la réponse donnée découlent en effet des appréciations divergentes sur l’orientation, l’organisation, la stratégie et les alliances futures du PS. En attendant, certains auraient bien voulu recouvrir la discussion d’une chape de plomb. « Il y a un impératif : silence… et je peux faire plus court : chut ! », a ainsi lancé Vincent Peillon, ex-porte-parole de Ségolène Royal.

La consigne ne valait manifestement pas pour l’ex-candidate. La veille, encore, elle souhaitait que les socialistes restent « unis » et leur demandait de « ne pas anticiper les prochaines échéances, parce que les gens seraient écoeurés s’ils voyaient revenir le combat des chefs » . Devant le « parlement du PS », Ségolène Royal a demandé qu’à l’avenir « le projet pour l’élection présidentielle ne soit pas fait avant, mais après la désignation [du] candidat » et que celle-ci ne se fasse pas « aussi près du combat principal » . Mais, sitôt son intervention terminée, la même déclarait à la presse qu’elle souhaite que le candidat de 2012 soit « rapidement désigné après les législatives » . Elle continue ainsi de jouer l’opinion contre son parti, qu’elle destine à n’être plus qu’un rassemblement de supporters au service d’une aventure, personnelle et idéologique.

Sur le front antilibéral, « tout le monde campe sur ses positions » , note Pierre-François Grond, du bureau politique de la LCR. Une manière de dire que les causes qui ont conduit aux piètres résultats des candidats de cette mouvance, le 22 avril, sont toujours là. Le PCF et la Ligue poursuivent leur cavalier seul. Les communistes annoncent 518 candidats maison et soutiennent une dizaine de candidats non-communistes. Difficile d’imaginer que 98 % de repli et 2 % d’ouverture permettent au PCF de conserver ses 21 députés et son groupe parlementaire sans un geste du PS. Malgré la demande de Marie-George Buffet, la rue de Solferino s’y refuse pour l’instant.

La LCR présente 460 candidats, mais pas Olivier Besancenot, retourné à ses tournées postales. Un nombre « sans précédent », auquel s’ajoutent une quarantaine de candidatures « unitaires » soutenues par la LCR et, nous a précisé Anne Leclerc, une de ses dirigeants, issus de collectifs qui ne s’étaient prononcés pour aucun candidat à la présidentielle. Enfin, une centaine de candidats seront aussi présentés par la coordination des collectifs sous l’étiquette « Gauche alternative 2007 », parmi lesquels des militants sans appartenance de partis mais aussi des militants du PCF, de la LCR, des Alternatifs, des Alterékolos…

Politique
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