La revanche de la France d’avant

Michel Soudais  • 6 mai 2007
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Nicolas Sarkozy (53%) succède à Jacques Chirac. Malgré une mobilisation électorale exceptionnelle, il n’y a pas eu de miracle. Partie d’un niveau très bas à l’issue du premier tour, Ségolène Royal n’est pas parvenue à remonter la pente, en dépit d’une bonne fin de campagne.

L’élection de Nicolas Sarkozy est certes une victoire de la majorité UMP aux commandes de l’Etat depuis 2002. Pour la premère fois depuis 1981, le balancier de l’alternance s’est arrêté. Mais le succès de l’ancien ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, ne s’inscrit pas tranquillement dans la continuité de la gestion de ce dernier. Nicolas Sarkozy voulait incarner la «rupture» . On peut lui donner acte que la droite qu’il incarne se distingue de la droite pépère du Corrézien.

Avec la victoire de Nicolas Sarkozy, **la France d’avant 1968 dessine «la France de demain» dont le candidat de l’UMP avait fait un slogan. Et l’on n’a sans doute pas encore pris toute la mesure de la regression que marque ce scrutin. Une France vieillissante, peureuse, crispée sur ses valeurs traditionnelles, a pris sa revanche sur une France colorée, tolérante, solidaire. Elle nous prépare, à écouter son héraut, une *«réforme intellectuelle et morale» , soixante-sept ans après celle que voulait conduire Pétain.

Sarkozy c’est enfin une claque pour toute la gauche. Cette élection, il ne fallait pas la perdre. Il faudra mesure les responsabilités des uns et des autres dans cet échec. Celle du PS qui s’est obstiné à faire campagne sur une orientation sociale-libérale. Celle de la gauche antilibérale, qui n’a pas su se rassembler pour créer une dynamique commune.

A écouter le premier message de Ségolène Royal, il n’est pas sûr que la candidate de la gauche ait tiré les leçons de son échec quand elle assure que «la condition des succès futurs» réside dans l’approfondissement de «la rénovation de la gauche» et la recherche de «convergences au-delà de ses frontières actuelles» . En clair cela signifie un nouveau glissement à droite du PS…

Face à une droite plus dure que jamais, cette vision de l’avenir de la gauche sera vraissemblablement très discutée.

A lire , la déclaration de Ségolène Royal.
Ajout à 23heures: En document compilé à télécharger, les réactions de Besancenot, Buffet, Bové, la coordination des collectifs, les Alternatifs, Mars-Gauche républicaine, Démocratie et socialisme.

Temps de lecture : 2 minutes
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