Fillon en dilettante

Michel Soudais  • 7 juin 2007
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En moins de 12 heures, hier, le coût de l’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires est passé du simple au double. Ceux qui croyaient avoir mis à la tête du pays un gouvernement sérieux et compétent doivent se pincer pour vérifier qu’ils ne rêvent pas.

Je vous le résume vite. Invité de RTL, hier matin, François Fillon précise (si on peut dire) le dispositif controversé d’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires, en avançant un coût «de l’ordre de 2,5 à 3 milliards d’euros» . Notez déjà que les 5 dixièmes d’approximation représentent 500.000.000 d’euros. Mais le Premier ministre n’est pas homme à s’arrêter à cette broutille près.

La preuve, il est environ 19h00 quand, au cours d’une de ces visites d’usine que la droite sarkoziste affectionne, le même François Fillon revient sur son évaluation du coût de l’exonération des heures supplémentaires: «Trois milliards (et plus 2,5: la fourchette basse est déjà abandonnée) *, c’est la partie liée aux exonérations de la part salariale* (…) *. Si l’ensemble est fait, le coût ou plutôt le manque à gagner pour le budget de l’Etat, serait de l’ordre de 5, 5,5 milliards, peut-être jusqu’à 6.»*

Qu’aurait-on entendu si Ségolène Royal, au cours de sa campagne, avait fait une évaluation aussi légère… Mais là on a affaire au Premier ministre de la France, non à une dilettante. Pas question de se moquer. Interdit d’ironiser!

Admettons donc avec le cœur des louangeurs que Sarkozy et ses ministres sont non seulement de beaux conteurs capables de faire croire aux pauvres qu’il leur suffit de voter comme les riches pour le devenir, mais aussi d’admirables compteurs. Pardon, comptables. Et ceux qui chipotent pour quelques milliards sont des pingres.

Temps de lecture : 2 minutes
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