Les chantiers de la gauche

Le bilan des élections est incontournable avant tout changement d’orientation, d’organisation ou de programme. Les partis de gauche vont s’adonner à cet exercice estival.

Michel Soudais  • 26 juillet 2007 abonné·es

La gauche n’a pas fini de digérer sa défaite. Les divergences sur les causes, apparues dès le lendemain de l’élection présidentielle, ne vont pas s’aplanir sous l’effet de la torpeur estivale. Elles devraient ressurgir avec les traditionnelles universités d’été. Dans chaque formation, l’analyse du résultat des élections présidentielle et législatives constitue en effet un enjeu politique essentiel, dont dépend le choix des options qui seront retenues ultérieurement : modernisation, rénovation, refondation ou réinvention.

C’est d’ailleurs sous l’intitulé « diagnostic pour la rénovation » que le PS a placé sa traditionnelle université d’été, qui se tiendra, comme chaque année, à La Rochelle, du 31 août au 2 septembre. Cette 15e édition, qui devrait rassembler 3 000 militants, dont un tiers de nouveaux adhérents, sera essentiellement consacrée au diagnostic des échecs électoraux subis cette année par le parti. « Il s’agit de se mettre au clair sur les raisons de l’échec, pour se lancer dans la refondation du parti » , a expliqué le maître d’oeuvre de cette manifestation, Jean-Christophe Cambadélis. L’université proposera des ateliers et plusieurs séances plénières, consacrés par exemple au bilan électoral de la gauche, au comportement des nouveaux électeurs, à l’état de la société ou de la gauche. L’analyse se fera par thème, afin de dégager « des lignes de force et un diagnostic collectif » , après les séminaires, colloques ou fêtes de la rose que différents responsables socialistes se préparent à tenir individuellement au long de l’été.

Après un séminaire privé, le 16 juillet, Ségolène Royal doit ainsi rendre publique sa vision des causes de la défaite le 25 août, lors de la fête de la rose de Melle (Deux-Sèvres). Réunis à Évry autour de Manuel Valls, le 20 juillet, plusieurs quadras ont dressé le bilan d’un parti « complètement nécrosé » . La Rochelle ne mettra toutefois pas un terme à ces réflexions. D’autres groupes se réuniront plus tard. C’est le cas des fabiusiens, qui auront une journée d’échanges le 29 septembre. Avant les trois forums (le socialisme dans la mondialisation, l’avenir de la solidarité, la citoyenneté dans la nation) programmés entre novembre et janvier, et destinés à préparer le congrès de 2008.

Le PCF, qui s’interroge sur son identité et son avenir, ne fera véritablement sa rentrée qu’à la fête de l’Huma (15-17 septembre).Les Verts, eux, ont décidé d’accélérer le calendrier de réforme du fonctionnement de leur parti. Des réunions de travail préparatoires se sont tenues en juillet, sous l’égide de la secrétaire nationale adjointe, Mireille Ferri. Et leur porte-parole, Anne Souyris, a fait savoir que des débats seraient organisés « tous les jours » sur cette réforme lors des journées d’été du parti écolo, organisées du 23 au 26 août à Quimper, avec « une plénière finale » . On y mesurera la possibilité ou non de convergences avec le processus de rénovation des Verts, initié par certains écolos autour du député européen Daniel Cohn-Bendit, à Tours, le 1er juillet.

À la LCR, c’est la création d’un « nouveau parti » , autour et sous la houlette de la Ligue, qui est à l’ordre du jour du congrès, en décembre. Un thème que ne manquera pas d’évoquer Olivier Besancenot lors du discours de rentrée qu’il prononcera au cours de l’université d’été de son mouvement, qui se tient dans un village de vacances de Port-Leucate (Aude) du 24 au 29 août. L’organisation trotskiste, qui propose plusieurs cycles de conférences à ses universitaires, assure avoir renforcé cette année l’aspect « formation » de celles-ci, en raison d’une affluence attendue de nouveaux adhérents.

Les collectifs antilibéraux n’ont pas encore leur université, mais une réunion de leur secrétariat élargie aux coordinations départementales est néanmoins convoquée fin août pour mettre la touche finale à un calendrier chargé : une réunion nationale les 22 et 23 septembre, suivie d’une autre en octobre, avant la tenue d’assises des collectifs unitaires. « Il s’agit, entre autres, de formaliser notre type d’organisation » , explique Florence Fusin, du secrétariat de la coordination des collectifs, en invoquant des raisons logistiques et financières, comme la gestion d’un site Internet (<www.gauchealternative.org>). Si la structuration du mouvement est engagée, avec la constitution en association de plusieurs coordinations départementales, ou l’application du principe « un homme, une voix », qui ôte aux représentants des partis politiques tout statut particulier, « on n’a pas du tout envie de créer un nouveau parti politique » , minimise-t-elle. « Ce n’est pas nier le rôle et l’existence des partis que de critiquer leur forme d’organisation » , complète Pierre Laporte. Ce militant communiste, membre lui aussi du secrétariat des collectifs, reconnaît que les militants qui s’y côtoient ont des attitudes contrastées, allant du rejet pur et simple au désir de travailler avec les organisations politiques. Ce qui n’empêche pas les collectifs d’envisager la tenue, après leurs assises, d’états généraux de la gauche alternative avec les organisations antilibérales qui le veulent.

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