Cachez ces livres !

Michel Soudais  • 31 août 2007
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Ségolène Royal a ouvert les travaux de l’université d’été du PS, cet après-midi, par une forte sentence : « La Rochelle 2007 ne ressemble à aucune autre » , a déclaré l’ex-candidate à l’élection présidentielle. A aucune autre ? Bigre !

Est-ce parce que le rendez-vous estival des socialistes est le premier d’importance après sa défaite ? Sûrement non. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les socialistes se retrouvent dans le port charentais après un revers de fortune électorale. Ils y viennent depuis… 1992.

Un changement d’organisation serait-il la cause de cette distinction ? Pas plus puisque le cocktail rochelais fait de tables rondes et d’ateliers reste inchangé. Comme le nombre de participants inscrits, un poil plus important que l’an dernier. De toute façon, la capacité hôtelière locale a des limites déjà franchies.

Est-ce en raison de « l’absence des éléphants », comme on dit dans les gazettes ? Allons, l’absence de Dominique Strauss-Kahn (qui pourrait bien durer 5 ans) ou de Laurent Fabius ne peut seule en être la cause. Certes, on ne verra pas cette année Jack Lang déambuler négligemment devant l’entrée de l’Encan (c’est le nom du centre des congrès), un pull fushia sur les épaules, à la recherche de caméras prêtes à recueillir ses sentences. N’était ce petit manège, qui amusaient fort les militants, il est peu probable que sa disparition manque à une réunion qui est d’abord un moment de formation. Ce n’est pas non plus la première fois que Martine Aubry est retenue à Lille, ville dont elle encore maire, pour cause de Grande Braderie…

Non, si le rendez-vous de cette année ne ressemble pas aux autres, ce n’est pas à cause de l’absence de quelques figures, quel que soit leur prestige ou notoriété. Et l’on pourrait ajouter à la liste Bernard Kouchner ou Eric Besson, habitués des éditions antérieures.

Cherchant ce qui pouvait faire la différence entre La Rochelle 2007 et les éditions précédentes, j’ai fait le tour du lieu. Rassemblé mes souvenirs. Réfléchi. Et j’ai trouvé ! La librairie a disparu !

Là où chaque année, sous une tente, un libraire du cru vendait les essais, Mémoires ou autobiographies des ténors du PS, sans oublier les réflexions d’invités extérieurs et les ouvrages d’actualité sur le PS, il n’y a rien. Ni tables, ni livres. Interrogé sur cette disparition, Jean-Christophe Cambadélis, organisateur de l’université d’été, la confirme et la justifie : « Je l’assume » , nous a-t-il déclaré. Le député de Paris, lui même auteur de chroniques de campagne critiques, parues en juin sous le titre Parti pris (Plon), craignait qu’un « étalage de livres contre la candidate » à l’entrée de l’université ne soit exploité par les caméras.

Le « diagnostic pour la rénovation » (mot d’ordre de La Rochelle 2007) commence donc par faire comme si les diagnostics écrits de Marie-Noëlle Lienemann ( Au revoir Madame Royal , Perrin), Guillaume Bachelay ( Désert d’avenir ? Le Parti socialiste 1983-2007 , Encyclopédie du socialisme), Jean-Luc Mélenchon, ( En quête de gauche , Balland, celui-là, je le connais bien, j’y ai collaboré), Claude Bartolone ( Une élection imperdable , Archipel) ou Claude Allègre ( La défaite en chantant , Plon/Fayard) n’existaient pas. Tous ces essais ne se valent pas. Et de loin. Mais les militants présents à La Rochelle n’ont pas le loisir d’en juger.

Samedi dernier à Melle, Ségolène Royal avait conseillé à ses ouailles d’ « économiser leurs deniers » . Les organisateurs de La Rochelle l’ont exaucée en écartant les objets tentateurs. La rénovation commence bien.

Temps de lecture : 3 minutes
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