Prêtes au clash

Les associations écologistes de l’Alliance ont rendu publiques leurs propositions pour le Grenelle de l’environnement, et elles haussent le ton.

Patrick Piro  • 20 septembre 2007 abonné·es

Les associations écologistes ont fait leur boulot. La semaine dernière, l’Alliance pour la planète, qui regroupe la plus grande partie d’entre elles, a rendu le cahier des mesures qu’elle met sur la table du Grenelle de l’environnement, après deux mois de travail des sept groupes thématiques (voir encadré). Les autres collèges (collectivités locales, employeurs, syndicats et État) font de même, mais personne ne sait encore ce qu’il adviendra de ces propositions. « Nous attendons depuis le début une réponse du gouvernement sur ce point, c’est le silence, s’élève Yannick Jadot, directeur des campagnes à Greenpeace et l’un des porte-parole de l’Alliance. Va-t-on voir le ministre de l’Écologie faire son marché dans ce paquet de mesures, pour transmettre ensuite sa copie à Sarkozy, qui choisira dans son coin ? Ou bien pourra-t-on réellement négocier autour d’une table, fin octobre, comme cela avait été promis au départ ? Le ministère de l’Écologie tient depuis le début un double langage, rassurant dans les couloirs, mais se refusant à clarifier officiellement le processus. Nous voulons être pleinement associés à la validation des mesures finales. »

L’Alliance pour la planète, qui semble avoir surmonté les soubresauts du départ du collectif de la fédération France Nature Environnement et de la Fondation Nicolas-Hulot [^2], se prépare désormais au bras de fer. Avec une stratégie « à un coup », la menace de claquer la porte du Grenelle au cas où le gouvernement franchirait la « ligne rouge ». Une limite assez floue, mais qui serait franchie, selon l’Alliance, si ce dernier refusait le principe d’une négociation, et si les mesures pressenties étaient trop faibles. « Et, d’ores et déjà, si le gouvernement ne décrétait pas les quatre moratoires demandés par les associations ­ sur la construction du réacteur nucléaire EPR, de nouvelles autoroutes, de nouveaux incinérateurs, et sur la culture des OGM , précise Daniel Richard, président du WWF et second porte-parole de l’Alliance. Nous ne sommes pas là pour discuter d’une politique qui ne viserait qu’à traiter 10 % de la crise planétaire. Nous ne ferons pas de compromis avec un Grenelle qui n’engagerait pas une authentique mutation de société. »

Il est fort probable que les associations n’obtiendront pas satisfaction. Toute l’habileté de l’Alliance consistera alors à quitter le Grenelle sur un message clair et audible par l’opinion, désignant l’irresponsabilité du gouvernement. « Ne nous trompons pas, la pression n’est pas sur nous, souligne François Veillerette, directeur du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF). C’est le gouvernement qui se trouve dos au mur, la crise le met face à une obligation de résultat. »

[^2]: Voir Politis n° 960.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »
Luttes 4 décembre 2024 abonné·es

Écologie : « En France, nous voyons un réseau d’entraide entre les luttes se former »

Le chercheur Gaëtan Renaud a mené pendant huit mois une enquête auprès des collectifs citoyens qui ont bataillé et gagné face à des grands projets imposés et polluants entre 2014 et 2024. Il nous livre un panorama de ces dix années de luttes locales qui ont fait bouger quelques lignes. Entretien.
Par Vanina Delmas
Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas
« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »
Entretien 8 novembre 2024 abonné·es

« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »

Le collectif de chercheurs Scientifiques en rébellion, qui se mobilise contre l’inaction écologique, sort un livre ce 8 novembre. Entretien avec un de leur membre, l’écologue Wolfgang Cramer, à l’approche de la COP 29 à Bakou.
Par Thomas Lefèvre