Des élections jouées d’avance

À l’approche des élections législatives, la presse est globalement sinistrée.

Claude-Marie Vadrot  • 4 octobre 2007 abonné·es

Au début du mois de septembre, Vladimir Poutine a fixé les élections législatives au 2 décembre. Un vote joué d’avance, disent les journalistes de Novaïa Gazeta et de nombreux observateurs. La participation minimale au scrutin, le vote blanc et le vote contre (tous les candidats) ont été supprimés. Au cours des dernières semaines, de nombreux parlementaires en place ont rejoint l’un des trois partis pro-Poutine pour assurer leur retour à la Douma, et l’Union des jeunes communistes vient de se ranger sous la bannière du Président. Le parti communiste ne conteste pas vraiment les choix de Vladimir Poutine et devrait sauver ses 15~% de voix. Mais le seul parti démocratique, Iabloko, pourrait faire les frais de la réforme électorale conçue pour faciliter l’envoi de 450 parlementaires plus ou moins « poutiniens » à Moscou. « Ce n’est pas grave , soupire Sergueï Moulinne de Novaïa Gazeta , il y a longtemps que le Parlement n’est plus un lieu de discussion et si, par hasard, les résultats ne sont pas conformes, ils seront manipulés. Actuellement, la majorité des Russes ne croient plus à la démocratie. »

Dans ce paysage politique sinistré, la presse l’est tout autant. Les journaux relèvent soit de la « presse de caniveau » avec filles et scandales futiles à la « une », soit suivent les consignes officielles. Souvent les deux. Seul Kommersant , acheté récemment par un oligarque proche du pouvoir, résiste encore, mais vend rarement plus de 100~000 exemplaires. Les ventes sont encore plus faibles pour Novissima Gazeta , Sivodnia, Vétchernié novosti ou le grand hebdo de la perestroïka *, Ogoniok,* qui échappent encore au Kremlin. La Pravda disparue, Argumenti i facti , les Izvestias , Moskoskie Komsolets , Trud , l’ancien organe des syndicats, ont choisi la brosse à reluire ou les scandales bon marché. Même la nouvelle chaîne pour les enfants de 4 à 17 ans n’est qu’une télé de propagande.

Dans ces conditions, guère étonnant que l’enquête sur la mort d’Anna Politkovskaïa n’avance pas, que des prétendus suspects tchétchènes aient été relâchés et que le responsable de l’enquête ait été affecté à d’autres tâches. Le 7 octobre, le meurtrier d’Anna n’aura toujours pas de visage alors que son nom et celui de ses commanditaires sont sur bien des lèvres.

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