Le retour du « non »

Des formations politiques, des associatons et des syndicats lancent un appel pour alerter et mobiliser les citoyens sur le nouveau traité européen, et exiger un référendum.

Michel Soudais  • 18 octobre 2007 abonné·es

Vingt et un contre vingt-sept. À la veille du Conseil européen des 18 et 19 octobre, au cours duquel les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne doivent débattre du nouveau traité européen modificatif, et vraisemblablement l’adopter (au moins dans la forme), vingt et une formations ou courants politiques, associations et syndicats ont rendu public au cours d’une conférence de presse, le 16 octobre, un « premier appel » destiné à « alerter » les citoyens « sur le contenu de ce texte et pour exiger un référendum populaire pour sa ratification » .

Illustration - Le retour du « non  »


Alain Krivine, Henri Mermé, Éric Coquerel, Audrey Galland, Claude Debons, Pierre Khalfa et Yves Salesse, à la conférence de presse du 16 octobre.
M.Soudais

Le syndicaliste Claude Debons, admet que « cette première initiative n’a pas fait le plein » puisque toutes les organisations qui, en 2005, avaient fait campagne pour le « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen, dont le nouveau traité reprend l’essentiel des dispositions, ne l’ont pas signée [^2]. C’est particulièrement flagrant du côté syndical, où l’on remarque au moins l’absence de la FSU. La faute à la précipitation des dirigeants européens, explique-t-on, puisque ces organisations, tout comme des fédérations cégétistes, n’ont pas encore eu le temps d’en discuter dans leurs instances. Seul syndicat à s’être engagé à ce stade, l’Union syndicale Solidaires juge ce traité « doublement inacceptable du point de vue du contenu et de la méthode » . « Le premier est marqué du sceau du néolibéralisme, tant sur les principes qu’il promeut que les orientations qu’il indique , résume Pierre Khalfa. La seconde est fondamentalement antidémocratique. » Une analyse que devraient rejoindre d’autres organisations.

Les initiateurs de l’appel ne doutent pas qu’ils seront rejoints par d’autres et que ce premier front est destiné à s’élargir « au fur et à mesure de l’avancement de la réflexion et de l’ouverture du débat national sur les modalités de ratification » . D’ores et déjà, il y a plus d’organisations que le 19 octobre 2004, lors du lancement de « l’Appel des 200 » ­ il s’agissait alors de personnalités ­, qui servit de matrice aux collectifs unitaires pour le « non », note Claude Debons, en annonçant une initiative publique large vers la fin novembre.

C’est le cas de l’association Attac, qui vient de décider, lors de l’assemblée générale qu’elle a tenue le week-end dernier, de mener une campagne d’éducation populaire pour remettre l’Europe au centre du débat politique. L’association altermondialiste, qui espère que sa signature sera « un signal pour d’autres » , s’est prononcée en faveur d’ « une démarche parallèle et simultanée » : exigence d’un référendum et critique radicale du contenu du traité, explique Aurélie Trouvé, sa coprésidente. Sur la seule question démocratique du référendum, elle devrait bientôt présenter un autre appel, plus large, signé par d’anciens partisans du « oui ». Attac entend aussi ne pas s’en tenir uniquement au traité et entend bien, cette fois, élargir la campagne aux effets des politiques européennes et aux alternatives envisageables, notamment en prévision de la présidence française du second semestre 2008. Un souci légitime, pour éviter un nouveau feu de paille.

[^2]: Les premiers signataires sont : AC !, Alternatifs, Attac, Cactus La Gauche, Coordination nationale des collectifs antilibéraux, Démocratie & Socialisme, Fondation Copernic, Forces militantes, LCR, Marches européennes, MARS Gauche républicaine, PCF, PCOF, Pour la République sociale, Réseau féministe Ruptures, Union des familles laïques, Union syndicale Solidaires, Alter Ekolo, la Confédération paysanne, Coordination des groupes de femmes Égalité, Coordination nationale des collectifs antilibéraux…

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