Frédéric Bonnaud : Le loup dans la bergerie

Chaque jour de la semaine, Frédéric Bonnaud assure une chronique sur Europe 1. Un regard décapant sur l’actualité.

Jean-Claude Renard  • 4 janvier 2008 abonné·es

Il existe quelques vers de Jacques Lanzmann qui font toujours recette et se portent admirablement bien : « Je suis de tous les partis. Je suis de toutes les parties. Je suis de toutes les coteries. Je suis le roi des convertis. Il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent. Moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, toujours du bon côté. » Dans sa chronique sur Europe 1, Frédéric Bonnaud reprenait justement, en novembre dernier, les paroles chantées par Dutronc.

Au printemps 2007, il aurait songé à Éric Besson, voire, un peu plus tard, à Bernard Kouchner ou à Jean-Marie Bockel. Mais si Jésus avait joliment réussi la multiplication des petits pains, Nicolas Sarkozy a fait aussi bien dans l’addition des traîtres. Et Bonnaud de se pencher sur le cas de Jean-Marie Cavada lâchant Bayrou pour une investiture UMP et briguant la mairie du douzième arrondissement de Paris en compagnie de Christine Lagarde. Cavada, résident à Neuilly, battu sous l’étiquette MoDem aux dernières législatives dans le Val-de-Marne. Cavada, auparavant président de Radio France, rêvant du poste de secrétaire d’État à la Communication. « Il semblerait que Nicolas lui ait promis, en échange de sa trahison, le secrétariat. » Un poste qu’il avait déjà sollicité auprès de Chirac, lui, « Cavada, giscardien pur sucre » , député européen de Bayrou. Voilà qui méritait bien une « spéciale dédicace » à travers la voix de Dutronc.

Il n’empêche : il y a des électeurs dans le douzième arrondissement de Paris. Les mêmes qui ont laminé Arno Klarsfeld en juin dernier. Un autre jour, Bonnaud soulignait que les relations conflictuelles « entre jeunes et policiers datent d’il y a trente ans déjà, à intervalles réguliers » . Et ponctuait : « Il est facile de construire un ghetto. Le casser est beaucoup plus difficile. »
Chaque jour de la semaine, Frédéric Bonnaud assure ainsi sa chronique au sein de la tranche 11 h-14 h de Jean-Marc Morandini. Six à sept minutes de commentaire sur l’actualité. Avec une verve vitriolée et un sens critique décapant. On l’avait connu sur France Inter. Il est donc aujourd’hui, depuis septembre, sur Europe 1, propriété de Lagardère. On pouvait rester sceptique. À vrai dire, façon loup dans la bergerie, il tient remarquablement le titre de sa chronique : « Politiquement incorrect ». Avec le gouvernement pour cible privilégiée. Il y a matière.

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