La colère des Mapuches

Claire Martin  • 10 janvier 2008 abonné·es

Il avait 22 ans, il était étudiant et militant du peuple mapuche : Matias Catrileo est mort sous les balles. Le 3 janvier, un groupe d’Indiens mapuches entre sur les terres du propriétaire foncier Jorge Luchsinger, à Vilcun, au sud du Chili. Ils veulent incendier une parcelle pour protester contre la spoliation de leurs terres. Les mitraillettes des policiers visent Matias Catrileo… Depuis ce drame, les Mapuches (« gens de la terre » dans la langue mapudungun) organisent des manifestations, violemment réprimées à Santiago. De nombreux incendies de plantations forestières et de camions leur sont attribués dans le sud du pays.

Autre situation préoccupante, dénoncée par Amnesty International et l’Observatoire chilien des droits indigènes, celle de Patricia Troncoso. Cette Mapuche, qui purge une peine de dix ans de prison pour « incendie terroriste », entre dans son troisième mois de grève de la faim. Elle demande la révision des procès jugés sous la juridiction antiterroriste. Une juridiction mise en place sous la dictature d’Augusto Pinochet et appliquée en temps de démocratie contre les Mapuches. Également réclamée, la fin de la « criminalisation » de son peuple et de la « militarisation » de son territoire.

Depuis une dizaine d’années, une partie du peuple indien mapuche s’est lancée dans une lutte pour la récupération de son territoire historique. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, ce peuple conserve son indépendance et sa terre, 5 millions d’hectares au sud du pays. L’État chilien finit par annexer violemment ces terres. Elle en concède seulement 10 % aux Mapuches sous forme de réserves. « Nous sommes au bord de l’extinction , souligne José Huenchunao, haut dirigeant de ce peuple, actuellement en prison. Nous avons épuisé toutes les autres formes de protestation. Nous sommes donc passés à une lutte plus radicale, qui oblige les occupants de nos terres à les quitter. »

Jusqu’ici, le gouvernement chilien a répondu par la force et le silence. Seulement, la colère gronde, la violence monte. Michelle Bachelet attend-elle une nouvelle mort pour se prononcer ?

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