L’Inra, le bio et les OGM

Thierry Jaccaud  • 17 janvier 2008 abonné·es

Marion Guillou est la présidente directrice générale de l’Inra depuis 2004. Elle assure avec conviction que l’environnement est désormais la priorité des priorités. Comme il se doit, elle connaît par coeur tous les chiffres concernant les activités de l’Institut de recherche agronomique qu’elle dirige. Tous ? Presque. Car lorsque la question du nombre de chercheurs travaillant sur l’agriculture biologique à l’Inra lui a été posée vendredi dernier, lors d’une conférence de presse consacrée à l’environnement, elle n’a pas su répondre ! Ennuyeux, tout de même. Une collaboratrice fut donc illico chargée d’aller rechercher un document où pourrait figurer ce chiffre. Ledit document fut trouvé et transmis aux journalistes quelques heures plus tard. Où l’on peut lire : « L’effort global en 2007, en comptant tous les projets « agriculture biologique » dans lesquels l’Inra est impliqué, est de 110 équivalents temps plein. » Ce qui fait environ 1,2 % des 9 000 personnes de l’Inra… On comprend mieux le subit trou de mémoire de Marion Guillou. Tout de même, ce n’est guère glorieux. À peine plus d’un pour cent des chercheurs du principal organisme de recherche publique sur l’agriculture se consacrent à la bio ! Quant à la question de savoir combien de chercheurs travaillent dans le domaine des OGM, Marion Guillou n’a pas de chiffres non plus. Mais pour une raison diamétralement opposée. Car, selon la présidente directrice générale, qui se paie même le luxe de s’étonner de la question, tous les chercheurs de l’Inra travaillent peu ou prou avec les techniques des OGM !

Évidemment, Marion Guillou force le trait. Mais elle exprime très clairement la priorité accordée à la biologie moléculaire au détriment de l’agronomie, des sciences naturelles ou de l’écologie. Elle concède pourtant que la société ne veut pas d’OGM. Que des programmes de recherches sur les OGM ont été arrêtés à l’Inra. Que seuls deux essais de transgéniques en plein champ sont encore en cours, sur les peupliers près d’Orléans et sur la vigne en Alsace. Mais elle juge « irresponsable d’arrêter l’utilisation des techniques de génie génétique » . Or, par définition, le génie génétique est simplement synonyme de transgénèse, ou encore de fabrication d’OGM. En bref : l’Inra affiche le mot environnement partout, mais ne travaille sur l’agriculture biologique que de manière marginale. L’institution reste discrète sur les OGM mais forme l’essentiel de ses chercheurs à la transgénèse. Conclusion : une opposition aux OGM, si elle veut être efficace, doit demander l’arrêt des crédits affectés au génie génétique pour les transférer aux sciences agronomiques. Vous souhaitez le demander ? Alors vous pouvez signer la pétition sur www.ogm-jedisnon.org. Une pétition 100 % anti-OGM.

Écologie
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