Aix invente l’union XXL

Michel Soudais  • 6 mars 2008 abonné·es

Dans le climat de défiance réciproque entre le PS et la gauche radicale, la liste «Aix pour tous» conduite par le socialiste Alexandre Medvedowsky à Aix-en-Provence fait exception. Elle allie en effet pas moins de sept formations politiques allant du centre-gauche à la gauche radicale. Si un tiers des 55candidats sont socialistes et un autre tiers est composé de représentants de la société civile, le dernier tiers réservé aux «partenaires» comprend deux membres du PRG, trois militants du Parti occitan et autant de Convergence citoyenne (un groupe local alternatif), quatre membres des Verts, du PCF ou de l’Union pour un monde solidaire (UMS), appellation locale du comité Bové.

Cet arc de forces, historique dans une ville où communistes et socialistes n’étaient pas apparus sur une liste commune depuis… quarante-deux ans, est aussi unique dans une ville de cette importance (141000habitants).

Deux raisons expliquent cette union de la gauche inédite. Après la défaite en 2001 du socialiste Jean-François Picheral (élu maire en 1995), qui estimait que seule une alliance avec le centre-droit lui permettrait de conserver une ville sociologiquement de droite, des responsables socialistes ont estimé qu’ils ne gagneraient qu’en rassemblant le plus gros bloc de gauche possible au premier tour. Autre explication: il existe désormais «une tradition unitaire assez profonde sur la ville» , avance Rémy Jean, ex-LCR et l’un des porte-parole de José Bové en 2007, neuvième de liste.

Depuis 2002-2003, le PS, le PC et l’extrême gauche ont mené ensemble des campagnes politiques communes contre la guerre d’Irak et les expulsions de logement, pour la défense des sans-papiers, et même contre le traité constitutionnel européen… «On s’est habitué à travailler ensemble sur le terrain des luttes, comme on dit» , explique-t-il, citant l’engagement de militants socialistes et de PRS «assez en pointe» dans ces combats. «Cela nous a permis bien des passerelles.»

Le tableau serait parfait si une liste socialiste dissidente, conduite par Michel Pezet, ancien dauphin de Gaston Defferre, passé de Marseille à Aix en 2004 à la demande de Jean-François Picheral ­numéro 3 sur sa liste­ ne troublait le jeu. Il s’agit d’une «démarche individuelle» minimise Alexandre Medvedowsky, qui souligne qu’elle n’est supportée par aucune organisation politique. Pezet et Picheral incarnent «la vieille ligne déferrise», qui n’a jamais voulu que le PS s’allie avec sa gauche, notent des observateurs de la vie politique départementale. Une survivance qui risque de peser lourd dans les fusions d’entre-deux tours.

Politique
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