Le dernier carré

Michel Soudais  • 20 mars 2008 abonné·es

L’extrême droite, qui a renoué avec ses tentations groupusculaires, n’a pas fait recette aux municipales et aux cantonales. Exception faite de deux bastions détenus par d’anciens frontistes recyclés au sein de la majorité par le MPF de Philippe de Villiers: Jacques et Marie-Claude Bompard dans le Vaucluse, et Marie-Christine Bignon en Saône-et-Loire. Cette dernière, qui avait emporté la mairie de la petite commune de Chauffailles (4119 habitants), a été réélue confortablement dès le premier tour avec 65,30% des suffrages contre 34,70% pour la liste d’opposition regroupant la gauche et les centristes.

La famille Bompard, elle, étend son territoire. Jacques Bompard, élu à la mairie en 1995, a été réélu dès le premier tour (60,96%). La liste unique de gauche, menée par Jean Gatel, ancien secrétaire d’État socialiste, qui avait opté pour l’ouverture au centre et à droite, n’a convaincu que 21,86% d’électeurs, soit 2,5 points de moins que le total réalisé par la gauche et le centre en 2001. La moisson des Bompard ne s’arrête pas là. Dimanche, Monsieur s’est vu confirmé au poste de conseiller général pour le canton Orange-Ouest (59,61% contre 40,39% pour Louis Driey, maire UMP de Piolenc), tandis que Madame, conseillère du canton Orange-Est (non renouvelable cette année), a ravi Bollène (47,95%) au maire socialiste Marc Serein (44,02%) dans une triangulaire avec l’UMP (8,03%).

Le Front national, lui, a continué sa descente aux enfers commencée après la présidentielle de 2002. Un reflux dû aux crises internes, à la campagne de charme de Nicolas Sarkozy vers ses électeurs, mais aussi au capitaine, 80 ans cette année, qui s’accroche à la tête de son parti. Difficile de représenter l’avenir à cet âge! Désorganisé, endetté, le parti n’a pu se présenter que dans 85 villes de plus de 10000habitants, quatre fois moins qu’en 1995 et 63% du chiffre de 2001. La municipale d’Hénin-Beaumont, où se présentait Marine Le Pen, témoigne de cette crise électorale. Forte de son succès aux législatives de 2007 dans cette ville laminée pas les délocalisations et le chômage ­avec 24,47% de suffrages, elle avait été la seule frontiste à prétendre au second tour, où elle avait atteint les 41,65%­, elle était deuxième de liste derrière Steeve Briois, un enfant du pays. Mais elle n’a pas convaincu. Le duo a obtenu 28,53% des voix au premier tour et 28,83% au second dans une triangulaire où il affrontait le maire sortant, Gérard Dalongeville, auquel Marie-Noëlle Lienneman prêtait main-forte (43,09% puis 51,94%), et l’ancien secrétaire de section socialiste, Gérard Duquenne, allié à des centristes et des UMP dissidents (18,64% puis 19,24%). Un score qui redonne de la vigueur aux opposants de la benjamine de Jean-Marie Le Pen dans la bataille pour la succession.

Politique
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