Otan : fin de partie ?

En prélude au prochain sommet de l’Otan de Bucarest, début avril, un millier d’activistes pour la paix venus de 17 pays ont tenté de pénétrer le quartier général de l’Otan à Bruxelles, le 22 mars. L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, revient sur l’action pour Politis.fr.

Politis.fr  • 27 mars 2008 abonné·es

Illustration - Otan : fin de partie ?

Le message du jour est clair : « Faisons disparaître les armes nucléaires. Prévenons les guerres, ou arrêtons-les. Cessons d’offrir en Europe des plates-formes logistiques à l’armée des Etats-Unis. Faisons entendre aux dirigeants de nos pays la voix de la majorité opposée à leurs accords, secrets ou non. Mettons en cause l’existence de l’Otan ! » Malgré la présence de très nombreux policiers, 50 à 70 activistes ont réussi à pénétrer sur la base de l’Otan de Bruxelles. Alors qu’en aucun cas avéré, les activistes ne se sont montrés violents, la police s’est conduite de façon exceptionnellement brutale : trois hospitalisations, des morsures de chien, matraques, canons à eau, spray au poivre… et plus de 500 arrestations !

L’action : une désobéissance civile… sélective

Parmi ceux qui ont tenté d’escalader la clôture et les barbelés, une

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majorité s’essayait pour la première fois à la contestation active, sans formation ni expérience préalable. L’engagement à la non violence aura suffi pour leur donner une règle commune respectée. L’objectif immédiat, l’entrée des activistes sur la base de l’Otan, a pu être atteint au-delà de l’attente des organisateurs, grâce au nombre des participants qui a surpris et débordé la police.

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Photo prise par un militant, depuis la cellule où les activistes ont été emmenés.

Entrer sur un territoire international (c’est le statut de la base de l’Otan) ou sur celui de la base de l’armée belge —voisine de celle de l’Otan— constitue selon le droit belge un délit. C’est du point de vue des activistes non violents un cas de désobéissance civile : ceux qui s’y décident transgressent une loi nationale, en se référant au droit international et au droit humain. Néanmoins, les organisateurs ont dit et répété que cet acte n’était aucunement un devoir. Tout participant est resté libre d’y renoncer à la dernière minute ou de préférer une promenade littéraire animée par des écrivains autour de la base.

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NATO Game Over , du nom donné à l’action, a offert aux organisateurs et aux participants un franc succès, relayé par les médias belges et internationaux présents. Ce n’est pas une victoire pour autant : l’Otan restera probablement « de la partie » après son grand sommet, organisé à Bucarest du 2 au 4 avril. En revanche, l’engagement pour la paix persiste, qu’elle obtienne ou non la victoire, au-delà de la réussite de la mobilisation. C’est une des plus belles promesses de cette action.

Les activistes non violents

Depuis plus de quarante ans, l’Otan est l’objet d’une opposition non violente. Évidemment, cette opposition évolue, elle aussi, compte tenu du changement du monde et de la signification

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de l’armement, notamment nucléaire. Soulignons-le, parmi les seize groupes étrangers qui se sont joints aux Belges, on a vu des citoyens de Macédoine et d’Israël, comme des Finnois et des Espagnols. À première vue, l’intérêt national des participants n’est donc pas déterminant : les Allemands contribuent aux frais de fonctionnement de l’Otan ; pour les Français, ce n’est pas le cas. Pourtant, ils sont présents en nombre comparable. Parmi les activistes non violents, on a pu observer une grande diversité d’orientations et de sensibilités. Nous avons rencontré des anti-militaristes, mais aussi des écologistes ou des altermondialistes. Il en était de même de la répartition de l’âge des participants : un tiers de moins de 30 ans, un tiers de moins de 55 et un dernier tiers de plus de 55 ans.

L’Otan

L’Organisation du traité de l’atlantique nord, créée en 1949 contre l’Union soviétique et ses alliés (membres dès 1955 du Pacte de Varsovie), est un héritage de la Guerre froide. Alors qu’on aurait pu s’attendre à sa disparition après la fin de cette période, l’Otan compte désormais

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parmi ses membres des pays qui n’en faisaient pas partie en 1989. L’organisation considère désormais l’intervention militaire partout dans le monde comme l’une de ses tâches principales. Ainsi, elle apporterait la liberté et la démocratie par les bombes en Afghanistan ! Sans elle, la guerre d’Irak, commencée il y a cinq ans pour des motifs qui se sont avérés inexistants, serait impossible. Du point de vue du droit international et à plus forte raison selon les droits humains, l’existence de l’Otan et la présence de l’Otan en Belgique peuvent être tenues pour illégitimes. A la veille du sommet de l’Otan, sa remise en cause est particulièrement importante.

Voir aussi : www.desobeir.net et www.nonaumissileM51.org

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