Cycles poétiques
Avec « Forcenés », époustouflante symphonie où le cyclisme est un prétexte, Philippe Bordas fourre l’histoire sociale et culturelle dans un récit intime. Et renouvelle la langue, émotive, implacablement précise.
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Ca a débuté comme ça. En mars 1889, Alfred Jarry ajoute son nom au Vélocipède Club de Laval. « Ubu saute à la face, dans l'époque exacte des premières classiques cyclistes. » Jubilant sur la selle, Jarry peint le Christ en grimpeur. « Donc Jésus, après l'accident de pneumatiques, monta la côte à pied, prenant sur son épaule son cadre ou si l'on veut sa croix. » Jarry voit juste, inscrivant le cyclisme « aux fondements de l'Occident, dans les jadis de l'Ascension » . Il en donne la définition définitive : « L'émotion de la vitesse dans le soleil et la lumière. » Voilà pour le décor planté.
À peine plus tard, Marcel Duchamp impose le premier ready-made de la modernité, une roue de bicyclette emmanchée. Une noblesse s'invente. Elle s'ouvre sur une fratrie, fistons d'un laitier-nourrisseur, installé en capitale sur les cendres de la Commune quand Rimbaud achève ses Illuminations . Henri, sur pignon fixe, sprinter gandin, Charles, « Weissmuller métissé de Valentino » , Francis, chien pisteur. Ils sont ces « déclassés absorbés vers la preuve au mérite » .
Des forçats de la route, selon la titraille d'Albert Londres. Qui transforment
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