Filmeurs du Grand Nord

Politis  • 10 avril 2008 abonné·es

Rien ne dit qu’ils sont de la même tribu, mais il y a un lien de filiation évident entre Nanouk l’Esquimau et le Voyage perpétuel . Entre le documentaire réalisé par Robert Flaherty en 1922 et l’inédit d’Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio, qui sort le 9avril à l’occasion d’une rétrospective consacrée à ces deux filmeurs du Grand Nord. Depuis vingt ans, la Nenet et le Finlandais travaillent à faire connaître les Inuits et les Nenets, deux peuples meurtris, l’un par l’impérialisme américain, l’autre par le soviétisme russe. Révélés en France en 2001 par les Sept Chants de la toundra , les deux cinéastes ont partagé pendant plusieurs mois la vie d’une famille nenet pour leVoyage perpétuel . Un film qu’ils conçoivent comme une méditation poétique sur le voyage sur Terre, de la naissance à la mort, rythmé par les tâches quotidiennes. Pas de dépeçage de phoque comme dans Nanouk , pas d’igloo non plus. Mais une yourte et des rênes, animaux doux et placides, entre chien, cheval et chèvre, qui prêtent leur dos pour tirer le traîneau, et leur chair quand les vivres viennent à manquer. Partenaires indispensables de l’autosuffisance… Pour encadrer les gestes de tous les jours dans ce film, une grande attention est portée aux croyances des Nenets, part d’invisible traduite à l’écran par le récitatif d’une veille dame en gros plan et des éléments d’animation peinte (étoiles, oiseau, grands espaces) qui viennent percer le noir et blanc. Et des échappées un peu inquiétantes sur la vie sédentaire. Comme des contrepoints qui rendent le confort (bâti, eau courante, commerce) rebutant, et le rudimentaire attirant. Tous nomades de l’existence?

Documentaire sur grand écran: 0140380400 ou <www.doc-grandecran.fr>

Petites Révélations

Une jeune femme qui surprend une petite fille en train de cogner son nounours dans l’immeuble d’en face. Un homme qui voit sa compagne se caresser pendant son sommeil. Un couple qui euthanasie son chien en silence. Un homme qui se cache de sa femme de ménage… Ce sont moins des « Petites révélations » que Marie Vermillard assemble dans ce moyen-métrage conçu comme un patchwork de courts, que des séquences d’intimité. Des regards portés sur des «virgules», des «territoires minuscules», qu’a priori on ne raconte pas. Des secrets sans grande conséquence, mais non sans intérêt et, surtout, filmés sans indiscrétion. Ce qui n’est pas si courant.

Culture
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