Société / Le marché de l’âme
Dans l’économie de marché, la maladie doit être « rentable ». C’est au nom de cette logique dramatique qu’est remise en cause la formation spécifique des soignants en milieu psychiatrique.
dans l’hebdo N° 1000 Acheter ce numéro
L'économie de marché a investi le territoire de l’âme. Cela se manifeste, par exemple, dans l’intitulé des contrats passés avec l’hôpital psychiatrique. Il y a à peine un an, il s’agissait d’une « Convention bilatérale d’assistance technique auprès des équipes soignantes ». Aujourd’hui, c’est au nom du « Marché à procédure adaptée, pris en application des articles 30-28 4e alinéa et 35-11 8e alinéa du code des Marchés Publics ». Les mots « Marchés Publics » sont écrits avec un grand M et un grand P, comme les divinités antiques.
Dans l’économie de marché, la maladie doit être rentable. L’expression « file active » a évincé dans certains services celle du « projet de soin ». Sur une chaîne digne des Temps modernes de Charlie Chaplin, la « file active » chiffre le nombre de malades passés dans le service en un temps donné. Aujourd’hui, les pressions se font de plus en plus impérieuses qui exigent l’accélération de la chaîne pour que s’effectue un maximum d’actes en un minimum de temps. Pour un maximum de rentabilité.
Aujourd’hui, la fameuse « banalisation du mal » dont parlait Hannah Arendt, comme étant ce qui préside à la bascule de l’homme dans la barbarie,
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